CECI dit

Le conte est beau

Depuis soixante jours, l’invasion russe en Ukraine s’est invitée sur les écrans de télévision fixant avec précision et temps réel des images dans les esprits : de l’exode de familles sur les routes aux charniers de Boutcha, en passant par les frappes militaires et les décombres de Marioupol, les scènes d’horreur ne manquent pas. Nul ne peut rester insensible et chacun d’entre nous découvre la proximité de cette guerre, tant sur le plan géographique, l’Ukraine est à quelques centaines de kilomètres de la France et aux portes de l’UE, que par l’immédiateté au vu de la rapidité de réception des informations. 

Nous, adultes, sommes saisis par la violence guerrière qui se déroule sur nos yeux, nous qui pour la plupart avons eu la chance de naître et de vivre sur le territoire européen dans la période de réconciliation. Des récits transmis, racontés, vécus par nos aînés, parents et grands-parents, nous ont été relatés comme promesses d’ultimes horreurs appartenant à un monde et une époque révolus, laissant place à la paix.
Nous, adultes, sommes choqués par le basculement et la soudaineté de ces actes belliqueux qui mettent à jour le fragile équilibre entre la terreur et la paix.
Nous, adultes, pouvons essayer de raisonner et, sans minimiser ni camoufler la réalité, tenter d’analyser les faits et enjeux, nous jouant de prospectives et prévisions en tout genre, sans risquer nos vies. 

L’enfance, un monde perméable 

Qu’en est-il des enfants ? Parce que le monde en vrai est à portée d’écran, ils se trouvent eux aussi concernés par les atrocités révélées. Parce que la vie enfantine n’est pas sanctuarisée ni étanche aux médias, les faits guerriers leur parviennent et ne manquent pas de les questionner.
À en juger par les propos exprimés dès le matin du 25 février, les jeunes écoliers ne se sentent pas éloignés des préoccupations de leurs parents :
« La guerre peut- elle arriver chez nous ? » telle était l’angoissante et lancinante interrogation courant comme un fil rouge tout au long de la logorrhée de paroles exprimées.
Reconnaissons que cette question résonne en nous, et au travers de notre compassion envers les Ukrainiens, nous redoutons avant tout de nous sentir, concrètement, concernés. 

Là aussi, il est un équilibre à trouver entre questions posées et réponses apportées ; rien ne serait plus dangereux que des espaces vides de mots qui auraient pour immédiateté la construction d’une réalité a fortiori erronée par ses excès ou au contraire absences de factualité.
Certes, à l’attention des enfants il n’est pas question d’entrer dans une explication exhaustive que d’aucuns d’ailleurs se trouveraient incapables de leur présenter, mais de poser des termes sur ces faits, fussent-ils hautement condamnables pour ne pas dire terrorisants.
Rien ne serait plus risqué que de laisser le vide, dont l’espace a horreur, s’installer et fixer des commentaires et légendes sur des images inscrites dans les esprits et aux encres indélébiles.
Apprendre à voir les événements et appréhender le monde et ses réalités font partie de la construction de la personne ; c’est tout l’enjeu de l’éducation aux médias qui s’édifie dès le plus jeune âge, et de jour en jour. C’est ainsi que l’on apprend également à devenir citoyen, faisant partie d’un tout, d’une société construite elle-même au travers d’une Histoire. Cet apprentissage est la résultante d’un processus de socialisation et convoque immanquablement valeurs et fondements. 

L’heure de réaliser et de confirmer s’il en était besoin que le vivre ensemble se construit à chaque instant, en tout lieu, et concerne chacun d’entre nous ; dans l’enfance et en particulier à l’école, l’éducation à la citoyenneté doit prendre toute la place qui lui revient pour édifier solidement cette responsabilité.
L’âge des élèves dans le premier degré, en particulier au cours des dernières années de primaire, se révèle particulièrement idoine pour l’émergence du sentiment d’appartenance et de conscience de partage comme le décrit Géraldine Bozec*. 

De Robert à Arthur : un printemps espérant 

En effet, en tant qu’enseignante en classe de CM2, je peux témoigner que le questionnement sur la guerre en Ukraine a débordé les premiers jours de mars et de ceux d’avril, rendant chez certains le printemps plus inquiétant que chantant.
Bien au-delà d’une présence explicite de ces tourments, la solidarité et le soutien envers le peuple ukrainien ont pu se manifester de mille et une façons par les jeunes élèves, les collectes de denrées de première
nécessité entre autres, et parfois de manière inattendue.
Ainsi, au terme d’une séquence classique d’expression écrite visant à apprendre à écrire un conte, alors que se succédaient les textes relatant les exploits de héros chevaliers secourant princesses et consorts au milieu de monstres et de licornes (très tendance, les licornes en 2022), s’est présentée la production d’Arthur, 10 ans, intitulée « La Russie contre l’Ukraine » : 

Il était une fois un jeune guerrier ukrainien qui s’appelait Davire. Il avait 28 ans, et vivait sans femme. 

En ce moment-là, c’était la guerre en Ukraine. Les habitants avaient très peur de la Russie, c’était leur ennemi. La mission pour Davire était de les sauver. Un beau jour, le jeune guerrier apparut sur le champ de bataille pour se battre contre la Russie. Il avait trois épreuves.
La première consistait à traverser la rivière de la mort pour atteindre l’armée russe.
Quant à la deuxième, elle se montra plus difficile, il fallait abattre l’armée russe et la capturer.
La troisième épreuve était assez difficile : il fallait tirer des balles pour faire la paix. Alors Davire utilisa son fusil magique et tout redevint comme avant. 

Davire se trouva une femme russe très gentille et ils eurent beaucoup d’enfants. »

Si son texte force le respect et inspire nombre d’enseignements, il montre avant tout au travers de sa conclusion impliquant les deux nationalités que les valeurs de paix et de réconciliation prônées par Robert Schuman un certain 9 mai 1950 sont loin d’être démodées.
Si ce printemps se révèle inquiétant et angoissant, il est aussi inspirant et espérant. 

Nous partageons tous, enfants et adultes, les mêmes espoirs, socles de notre avenir et destin commun.
Loin d’être futiles, les préoccupations du jeune élève dans son texte rassemblent les valeurs qui font de nous des humains. 

Bravo et merci à toi Arthur, ton conte est beau. 

* Géraldine BOZEC, Les Héritiers de la République, Éduquer à la citoyenneté à l’école dans la France d’aujourd’hui. 2010

Publié par Marie-Laure Croguennec dans CECI dit, Marie-Laure Croguennec, 0 commentaire

Notre Secrétaire Générale distinguée de l’Ordre national du Mérite

Madame Marie-Laure Croguennec, Secrétaire Générale du CECI, a reçu, il y a quelques jours, les insignes de l’Ordre National du Mérite des mains de Madame Martine Méheut, agrégée de philosophie et Docteur d’État, présidente fondatrice de Citoyennes pour l’Europe, membre du conseil d’orientation du Cycle des hautes études européennes de l’ENA et membre du Conseil d’administration de la Fondation Hippocrène.

Cette belle récompense nationale vient en reconnaissance par la France de l’activité de Marie-Laure en matière d’éducation à la citoyenneté européenne auprès de ses élèves de primaire à l’école du Sacré Cœur à Guipavas (Brest Métropole) depuis plusieurs années, « un chemin parcouru en militante de l’Europe, et plus particulièrement en éveilleuse de la conscience européenne des plus jeunes ».
Cette reconnaissance venant du Ministère de l’Education Nationale signe aussi le grand pas accompli qui augure « d’une responsabilité assumée de l’éducation à la citoyenneté européenne de tous les élèves » dira Martine Méheut.

Cela honore notre Cercle Europe Citoyennetés et Identités.

Marie-Laure Croguennec a été, à mes côtés, secrétaire générale de la Maison de l’Europe de Brest et Bretagne ouest où elle a porté de nombreux projets européens et notamment l’éducation à la citoyenneté de l’Union européenne. « On ne nait pas citoyen européen, on le devient » disons-nous bien souvent. C’est la base de son engagement.
Se sentir Européen est, en effet, une construction mentale, une culture partagée dont on prend conscience à la condition d’en être sensibilisé. C’est ce travail permanent d’éducation auprès de scolaires qui lui vaut d’être distinguée aujourd’hui. Un plaisir que Marie-Laure veut partager : « Je vais souhaiter que d’autres comme moi soient remarqués et honorés de la sorte, et si un regard est porté sur mon action, je souhaite le partager avec tous ceux qui œuvrent dans cette même direction, peut-être de manière isolée ou en tout cas sans coup de projecteur ».

Co-fondatrice du CECI, Marie-Laure travaille également avec l’association « Citoyennes d’Europe » et l’AEDE association européenne de l’éducation dont elle a tenu des responsabilités nationales.
Au CECI nous partageons sa fierté et sa joie d’être décorée de cette importante décoration fort bien méritée.

Emmanuel MORUCCI
Président du CECI

Publié par Emmanuel Morucci dans CECI dit, Emmanuel Morucci, 0 commentaire

Pour une éducation à l’Europe concrète

Le 15 mars dernier avait lieu, dans le Salon de l’Horloge du Quai d’Orsay, la remise du Prix Hippocrène de l’éducation à l’Europe 2022, en présence des ministres Jean-Michel Blanquer et Clément Beaune ; un événement labélisé (PFUE) Présidence française du Conseil de l’Union européenne. Cette reconnaissance institutionnelle a permis à la Fondation Hippocrène, à l’initiative de ce prix, de marquer l’importance d’une éducation à l’Europe dans l’action, idée inscrite dans sa philosophie depuis sa création en 1992. 

Hippocrène et Europe : de fortes et solides convictions

La Fondation Hippocrène s’appuie en effet sur des convictions fortes, confirmées par l’expérience de ses 30 ans d’existence. Ses fondateurs, Jean et Mona Guyot, sont des Européens de la première heure.
En 1952, Jean Guyot a é
té le premier responsable financier de la CECA (Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier) aux côtés de Jean Monnet qui en était le Président. Ce fut le début d’une aventure : la CECA fut l’embryon de ce qui allait devenir l’Union Européenne. Il est impressionnant de constater à quel point les idées qui ont présidé à la création de la CECA sont restées d’actualité.
Tout homme de bonne foi reconnaît qu’il y avait là un principe profondément novateur dans les relations internationales et que cette innovation était porteuse d’efficacité. Le cadre institutionnel était inévitablement limité et des champs importants étaient laissés en dehors de cette première construction : l’espace culturel, les rapports entre les jeunes européens, la situation de catégories défavorisées ou la préservation du patrimoine commun.
 

Donner le goût de l’Europe

C’est à partir de cette analyse que la Fondation Hippocrène a été créée en 1992. Lidée est de faciliter « toutes espèces de projets concernant les jeunes Européens ou conçus par eux » avec l’ambition d’entretenir la flamme en transmettant l’esprit des “pères fondateurs”.

Fondation reconnue d’utilité publique, Hippocrène est également une fondation gérée par la famille des fondateurs, indépendante et privée. La Fondation Hippocrène a pour objectif de donner le goût de l’Europe aux jeunes Européens en soutenant la réalisation de projets concrets portés par ou pour de jeunes Européens dans tous les domaines qui permettent le partage au service d’une citoyenneté européenne commune, dans les projets où l’Europe devient le partenaire de leur engagement.

En 30 ans, la Fondation Hippocrène a soutenu plus de 1 200 projets et distribué 10 millions d’euros de dotation, permettant à 250 000 jeunes de participer activement à des projets qui leur donnent le goût de l’Europe.

Passer par l’Éducation

Partant du constat que pour que l’éducation à l’Europe touche le plus grand nombre elle doit être initiée à l’école, la Fondation Hippocrène décide en 2010 d’impulser une action d’envergure pour donner l’envie d’Europe aux élèves : le Prix Hippocrène de l’éducation à l’Europe, qui, conforme à lADN dHippocrène, s’appuie sur l’idée de faire vivre l’Europe concrètement aux jeunes.
Il s’agit d’un concours proposé aux établissements scolaires qui récompense les meilleurs projets de partenariat europé
en élaborés par une classe et ses professeurs. Il consiste à présenter un dossier mettant en perspective un projet original de partenariat européen élaboré par la classe avec son / ses professeurs.
Il s’
agit, dans le cadre d’échanges avec de jeunes Européens, de travailler sur toute thématique pouvant illustrer les enjeux et les valeurs communes de l’Union européenne (actions d’engagement, thématique d’action comme l’environnement, la lutte contre les discriminations, la défense des libertés, la promotion d’une culture européenne et de son patrimoine).

Un concours pour tous les jeunes

La force du Prix Hippocrène, c’est de permettre à tout type d’établissements, de professeurs et d’élèves de postuler et d’avoir des chances de remporter un prix : école rurale, lycée professionnel, enseignement agricole ; établissement élitiste, en zone urbaine, en zone prioritaire, établissement public ou privé, le partenariat européen s’adresse à tous ! 

Ce prix vise aussi à encourager et valoriser les établissements, les enseignants et les élèves qui s’engagent dans les échanges avec de jeunes Européens, dans la découverte d’une autre culture, à travers la réalisation d’un projet commun et la mobilité.

Six prix (5 de 5 000 et 1 de 10 000 €) sont décernés chaque année pour financer les projets proposés dans les catégories écoles primaires, collèges, lycées généraux, lycées professionnels, enseignement agricole. Un financement complémentaire est consacré au déplacement des élèves et enseignants lauréats à la cérémonie de remise des prix ainsi qu’à la valorisation du projet.

« Le Prix Hippocrène s’appuie sur cette conviction, validée chaque année par les professeurs, celle que des projets concrets menés ensemble par des jeunes de plusieurs pays européens sont motivants, riches d’enseignements et transforment naturellement leurs participants en Européens convaincus. »
Alexis Merville, Président de la Fondation Hippocrè
ne.

Soutien du Ministère de l’Éducation

Dans le cadre de la Présidence française du Conseil de l’Union européenne, la remise des prix a eu lieu au Quai d’Orsay, en présence des ministres Jean-Michel Banquer et Clément Beaune. Une très belle récompense pour les lauréats, une reconnaissance pour l’action de la Fondation Hippocrène, un véritable moment de grâce européenne.

Au-delà des félicitations et de l’émotion, cet événement a permis de souligner l’importance de faire découvrir aux jeunes une Europe concrète, celle qui se vit par la rencontre avec des jeunes Européens au travers de projets qui les motivent et les impliquent. Ce point a été relevé par le ministre Jean-Michel Blanquer qui l’a appuyé à l’issue de la cérémonie sur twitter « L’Europe plus que jamais nécessaire et vivante par nos enfants. Le Prix Hippocrène vise à faire découvrir ce qu’est concrètement l’Europe ».  

Le Prix Hippocrène de l’éducation à l’Europe est organisé en partenariat avec le Ministère de l’éducation nationale, le ministère de l’Agriculture, le soutien de la Représentation en France de la Commission européenne, avec la participation de l’agence Erasmus+ France, la Maison de l’Europe de Paris, Citoyennes pour l’Europe, l’AEDE-France, l’INSP (exENA) et Toute lEurope en partenaire media. 


Les lauréats 2022 :

  • Le Grand Prix (d’un montant de 10 000 €)   Collège Simone de Beauvoir, Crolles
  • Catégorie école primaire (d’un montant de 5000 €)   École Jean Renoir, Noisy-le-Sec
  • Catégorie collège (d’un montant de 5000 €)   Collège Saint Jude, Armentières
  • Catégorie lycée professionnel (d’un montant de 5000 €)   Lycée des métiers et des services Paul Gauguin, Orléans
  • Catégorie lycée général et technologique (d’un montant de 5000 €)   Lycée Fernand Daguin, Mérignac
  • Catégorie enseignement agricole (d’un montant de 5000 €)   LEGTA La Brie, Monbazillac

La page du site sur le prix hippocrène : http://fondationhippocrene.eu/prix-2022/

Publié par Dorothée Merville dans CECI dit, Dorothée Merville, 0 commentaire

Conséquences de l’invasion de l’Ukraine (partie 2)

III Les sanctions mises en œuvre par l’UE contre la Russie

Sur le volet financier, la Commission européenne a proposé de réduire l’accès des banques russes aux marchés financiers européens et d’exclure plusieurs banques russes du système bancaire Swift.

En raison de la dépendance de plusieurs pays européens à la fourniture de gaz russe, les banques impliquées dans le financement de Gazprom devraient être épargnées par cette mesure.

Sur les volets énergétique et industriel, les exportations de technologies liées aux secteurs pétrolier et aéronautique seront fortement limitées. La banque centrale russe fera également l’objet de sanctions, pour l’empêcher de soutenir les secteurs touchés par les mesures européennes de rétorsion : les pays de l’UE se sont engagés, aux côtés des États-Unis, du Canada et du Royaume-Uni, à geler leurs avoirs de la Banque de Russie.

L’espace aérien de l’UE a également été fermé aux compagnies russes et différents médias affiliés au Kremlin ont été interdits dans plusieurs pays européens afin de lutter contre la politique de désinformation russe. Vladimir Poutine, Sergueï Lavrov et 26 oligarques russes ont vu leurs avoirs gelés en Europe, ce qui constitue une forme de sanction inédite dans l’UE. Le 28 février, l’UE a franchi un nouveau cap en matière de défense et de sécurité en annonçant la fourniture de 500 millions d’euros d’équipements militaires, dont des armes létales, au titre de la facilité européenne pour la paix (FEP).

La France a apporté son soutien à l’ensemble des sanctions proposées par la Commission européenne et a annoncé contribuer à hauteur de 300 millions d’euros aux 1,2 milliard d’euros d’aides macro-financières débloquées par la Commission européenne. La France va également fournir du matériel militaire à l’Ukraine, sans que la nature de ces équipements n’ait été précisée.

Le gouvernement britannique a annoncé sa participation aux sanctions financières conduites par ses voisins européen (blocage Swift, fermeture de l’espace aérien, gel des avoirs, etc.).

Le chancelier allemand, Olaf Scholz, a annoncé la suspension de la mise en service du gazoduc Nord Stream 2, devant relier la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique en contournant l’Ukraine.
Face à la menace russe, l’Allemagne a également décidé d’engager des sanctions sur le système interbancaire Swift et de se réarmer en annonçant un effort exceptionnel en matière de défense.
Olaf Scholz a en effet annoncé le déblocage d’une enveloppe exceptionnelle de 100 milliards d’euros pour moderniser son armée. Il s’agit d’un tournant majeur dans l’histoire du pays, qui entend désormais consacrer plus de 2% de son produit intérieur brut (PIB) à sa défense, au-delà des objectifs fixés par l’OTAN.

Le changement de ligne par l’Allemagne a été particulièrement significatif pour la Suède et la Finlande (tous deux membres de l’Union européenne mais pas de l’OTAN), qui ont réaffirmé leur droit à adhérer à l’Alliance atlantique si jamais ils le souhaitaient. La Suède et la Finlande, pays historiquement non-alignés, ont également annoncé vouloir fournir de l’assistance militaire à l’Ukraine.

En dépit de sa neutralité historique, la Suisse a annoncé suivre la position de l’Union européenne (UE). Une annonce importante du fait de la place du pays dans les finances russes et dans le négoce de pétrole et de gaz. Le ministre des Finances a par ailleurs souligné que les avoirs des personnalités qui se trouvent sur la liste noire de l’UE « étaient gelés avec effet immédiat ».

À rebours de ses partenaires européens, le président de la Pologne Andrzej Duda a signé une déclaration conjointe avec ses homologues de Bulgarie, Tchéquie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Slovaquie et de Slovénie pour ouvrir un processus de négociation sur l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.

Publié par Franck Arnaud dans CECI dit, Franck Arnaud, 1 commentaire

Conséquences de l’invasion de l’Ukraine (partie 1)

Les conséquences de l’invasion de l’Ukraine par la Russie et l’affirmation des valeurs de l’UE

L’indépendance ukrainienne est proclamée le 24 août 1991 et confirmée par le référendum du 1er décembre 1991 (90,5% des électeurs votent en faveur de l’indépendance).

Depuis son indépendance, l’Ukraine est divisée entre une partie de la population, dans le sud-est du pays le Donbass peuplé par des russophones, et une autre partie, plus à l’ouest, qui souhaite se rapprocher de l’Europe. Ces deux camps s’affrontent une première fois en 2004, lors de la « révolution orange », une protestation qui dure deux mois et porte au pouvoir le président Viktor Iouchtchenko, un pro-européen aspirant à une intégration de son pays au sein de l’Alliance atlantique. Il ouvre également les archives de l’ancien KGB et inaugure un mémorial pour l’Holodomor, la famine provoquée en 1933 par Staline. 

En 2010, Viktor Ianoukovitch, originaire du Donbass, arrive au pouvoir et envisage un rapprochement avec la Russie à travers une éventuelle adhésion à l’union douanière eurasiatique. Ce choix provoque en novembre 2013 la révolution de Maïdan qui provoquera une centaine de victimes. La contestation l’emporte malgré tout en février 2014, entraînant la fuite de Viktor Ianoukovitch en Russie. 

Un nouveau gouvernement « pro-européen » s’installera à Kiev. La Russie dénoncera un « coup d’État » mené par une « junte nazie » et réagira en annexant la Crimée en mars 2014. 

Un accord négocié à Minsk, en février 2015, sous médiation franco-allemande vient apaiser la situation. Ces accords de paix prévoyaient un cessez-le-feu immédiat, le retrait des armements lourds, l’échange de l’ensemble des prisonniers, des réformes constitutionnelles en Ukraine ainsi que l’organisation d’élections dans les territoires tenus par les minorités russophones. Ils posaient également comme principe le maintien des territoires autoproclamés autonomes de Louhansk et de Donetsk dans le giron de l’Ukraine.

Malgré des tensions persistantes dans le Donbass qui ont fait plus de 14 000 morts depuis 2014, l’Ukraine affirme son indépendance en se rapprochant de l’Europe et affiche de plus en plus sa volonté d’entrer dans l’OTAN.

De plus, dans ce contexte l’économie de l’Ukraine se tournera de plus en plus vers l’Europe, alors que le commerce avec la Russie s’amenuisera. Monsieur Volodymyr Zelensky, élu président en 2019, maintiendra cette orientation.

Cette situation qui conduira la Russie à attaquer l’Ukraine en violation de toutes les règles du droit international et des droits fondamentaux provoquera l’ouverture d’une enquête par Procureur de la Cour pénale internationale (I), le recours par les institutions européennes à des outils juridiques pour permettre aux populations déplacées de pouvoir être protégées par les États européens (II) et la mise en œuvre de sanctions exemplaires (III)

I L’ouverture d’une enquête par le procureur de la Cour Pénale internationale et réaction des avocats en Europe, en Ukraine et en Russie

L’ouverture d’une enquête par le procureur de la Cour pénale internationale , Karim KHAN, sur des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre qui seraient perpétrés sur le territoire ukrainien désigne la Russie comme auteur présumé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

Il faut se rappeler que la Cour pénale internationale est une juridiction pénale internationale permanente qui siège à La Haye chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre. Elle est intervenue concernant des affaires qui se sont déroulées au Soudan, en Libye, etc.

Actuellement, des avocats se sont mobilisés pour intervenir et assister les personnes ukrainiennes déplacées dans leurs demandes de protection temporaire en se rapprochant de confères polonais mais aussi en recherchant une prise de contact avec des avocats ukrainiens.

En parallèle, il faut souligner que des avocats russes se sont prononcés en faveur du respect de l’État de droit et de la cessation des hostilités.

II La mise en œuvre du droit européen en faveur des personnes déplacées par le Conseil de l’UE et la Commission européenne

A. La DIRECTIVE 2001/55/CE DU CONSEIL du 20 juillet 2001 relative à des normes minimales pour l’octroi d’une protection temporaire en cas d’afflux massif de personnes déplacées et à des mesures tendant à assurer un équilibre entre les efforts consentis par les États membres pour accueillir ces personnes et supporter les conséquences de cet accueil 

Le Conseil de l’Union européenne a mis en œuvre les dispositions de la directive 200155 du 20 juillet 2001. Cette directive instaure des règles minimales pour l’octroi d’une protection temporaire en cas d’afflux massif de personnes déplacées. C’est en se basant sur ce dispositif juridique, que des personnes pourront être assistées et bénéficier d’un équilibre entre les efforts consentis par les États membres pour les accueillir.

En effet, les personnes déplacées peuvent bénéficier, dans tous les États membres, de la protection temporaire et ce indépendamment d’une demande de protection internationale.

Ainsi, lorsque le mécanisme déclenché, les bénéficiaires de la protection temporaire se voient accorder un titre de séjour leur permettant de travailler et jouissent d’un socle minimum de droits sociaux et du droit de déposer une demande d’asile.

L’ensemble de la communauté juridique européenne et internationale ont rappelé que les États devaient respecter les obligations, valeurs, libertés et principes fondamentaux énoncés dans la Charte des Nations Unies, le Statut du Conseil de l’Europe, la Convention européenne des droits de l’homme et l’ensemble des principes généraux du droit international public et du droit international humanitaire.

B. La Décision de la Commission européenne 

De son côté, la Commission européenne a également demandé aux États membres de l’Union Européenne de mettre en œuvre les dispositions de la directive 2001/55/CE du Conseil du 20 juillet 2001.


La suite de l’article est ici : https://cercle-ceci.eu/consequences-de-linvasion-de-lukraine-partie‑2

Publié par Franck Arnaud dans CECI dit, Franck Arnaud, 0 commentaire

Pour une Ukraine libre et européenne

Ambiance émouvante au moment où le président Zelensky a pris la parole au Parlement européen en visioconférence.
 Son discours est celui d’un homme politique debout faisant face à son ennemi mais aussi capable de demander de l’aide. Il émanait de lui dignité, humilité et force. Il a exhorté l’Union européenne à ne pas laisser tomber son pays agressé par l’armée russe. Il a aussi, et c’est important de le souligner, tant dans les faits que symboliquement, renouvelé sa demande d’adhésion à l’Union européenne. Il avait signé le document officiel devant ses réseaux sociaux presque en catimini.
On le sait, cette adhésion ne peut se faire en l’état, dans la précipitation de la guerre. Mais martèle-t-il « Nous avons prouvé notre force. Prouvez donc que vous êtes avec nous, alors la vie l’emportera sur la mort et la lumière sur les ténèbres ».

Dans un précédent article l’hypothèse d’un acte fort et solidaire de l’UE, l’invitant à faire preuve de sa capacité à une réponse vigoureuse et au soutien sans réserve à l’Ukraine, était posée.
L’UE l’a fait et bien fait. Elle apporte la preuve de sa puissance qu’elle ne connaissait peut-être pas. Puissance économique certes mais aussi politique dans son rôle de défense lorsqu’elle s’engage dans une réponse ferme mais de construction de la paix. C’est une image nouvelle et peut-on le dire un tournant radical au vu de sa culture des décennies précédentes.

Plusieurs amis membres ou contributeurs du CECI (et d’autres) demandaient un accès rapide pour l’Ukraine à l’UE précisant que l’engagement d’un processus d’adhésion est une alternative, un substitut à l’impossible adhésion à l’OTAN. Les eurodéputés ont adopté une résolution, non contraignante, pour demander à l’UE d’accorder à Kiev le statut de candidat. C’est un vrai premier pas.
Le message fort de Roberta Metsola la présidente du Parlement européen est clair : « le Parlement européen soutiendra la candidature d’adhésion de l’Ukraine à l’Union tout au long du processus ».
Mais le Président Michel l’a aussi rappelé : « les positions ne sont pas toutes les mêmes au sein des États membres ». Le ministre français des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian semblait même dire que « l’on en parlerait le moment venu ». Il n’a pas tort, l’avenir nous le dira.

Dans l’immédiat c’est le soutien sans réserve à l’Ukraine qui compte. À l’Ukraine et aux pays voisins, aux États membres de l’UE menacés eux aussi. Nous sommes désormais engagés, les uns et les autres, dans un conflit de dimension mondiale. Bien sûr nous n’enverrons pas – pour l’heure – de troupes sur le territoire ukrainien mais les sanctions prises par la communauté internationale auront des effets à long voire très long terme. Et nous ne sommes pas à l’abri de provocations russes dans d’autres régions du monde. Je pense ici au Mali où les troupes françaises préparent leur retour.

À propos des sanctions des pays européens, la présidente de la Commission Ursula van der Leyen s’est dite « être fière de notre Union qui fait preuve d’une volonté commune ». Notre présidente est au fait des difficultés qui nous attendent. Je cite : « Je suis bien consciente du fait que ces sanctions auront un coût pour notre économie également. Je le sais bien et je tiens à être honnête avec les citoyens européens. Nous avons subi deux années de pandémie. Et nous espérions tous pouvoir nous concentrer sur la relance de notre économie. Mais je crois que les citoyens européens comprennent très bien que nous devons nous opposer à cette cruelle agression. Oui, protéger notre liberté a un prix. Mais l’heure est grave. Et c’est un prix que nous sommes prêts à payer. Parce la liberté n’a pas de prix ».

Concernant le souhait d’adhésion, elle ouvre la porte tout en sachant que le processus est toujours très long. Mais son discours est éloquent et tout est dit : « Le Président Zelenskyy et le peuple ukrainien sont une véritable source d’inspiration. La dernière fois que nous nous sommes parlé, il m’a fait à nouveau part du rêve de son peuple d’adhérer à notre Union. Aujourd’hui, l’Union et l’Ukraine sont déjà plus proches que jamais. Il reste un long chemin à parcourir. Nous devons mettre fin à cette guerre. Et nous devrions parler des étapes à venir. Mais j’en suis sûre : personne dans cet hémicycle ne peut douter qu’un peuple qui lutte si courageusement pour nos valeurs européennes a sa place dans notre famille européenne ».

La guerre en Ukraine n’a pas divisé les Européens. Bien au contraire. De la guerre, des heures sombres, de la peur, de la mort renaîtra une Ukraine libre de ses choix et va s’ouvrir, après cette énième crise, une étape nouvelle et fondamentale pour l’Union européenne. D’autant plus que la Géorgie et la Moldavie ont déposé une demande d’adhésion. Le monde d’avant est bel et bien terminé. L’approfondissement de l’UE est nécessaire.

Publié par Emmanuel Morucci dans CECI dit, Emmanuel Morucci, 0 commentaire

Olivier Védrine : appel depuis Kiev

En dépit des menaces, l’appel de Kiev est lancé.

Alors que l’invasion de l’Ukraine par la Fédération de Russie n’est plus une hypothèse, les journalistes et les diplomates sont, pour l’essentiel, concentrés sur la question de la sécurité de la Russie et sur celle de la sécurité des pays membres de l’OTAN et de l’Union européenne, ainsi que, pour ces derniers, sur celle de la défense de principes qu’ils considèrent comme constitutifs de l’ordre international : le respect de l’intégrité territoriale et du libre choix des alliances internationales.

À Kiev, alors que les canons de la Russie sont dirigés contre nous, l’Europe a rendez-vous avec l’histoire. En Biélorussie comme en Russie, des régimes autocratiques briment leurs peuples mais nous, nous nous adressons aux peuples, pas aux gouvernants ! Leurs peuples, aussi européens que nous, souffrent aussi de la politique de leurs chefs dictateurs. Nous nous devons d’appeler les citoyens de tout le continent européen à revendiquer leurs racines héritées d’Athènes, de Rome, de la chrétienté et du siècle des Lumières !

Depuis Kiev, héritière à la fois de l’Empire d’Occident et de l’Empire d’Orient, de Rome comme de Byzance, nous demandons à l’Union européenne de se montrer digne des pères fondateurs, des Monnet, Schuman, de Gasperi et Adenauer, et de faire ce qu’ils firent en moins d’un an, la Communauté européenne du charbon et de l’acier, la CECA, entre des pays qui étaient cinq ans auparavant plongés dans la guerre la plus féroce que l’humanité ait jamais connue, la Seconde Guerre mondiale !

Nous devons appeler l’Union européenne à engager sans délais le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne afin de montrer aux Ukrainiens, mais aussi aux citoyens russes et biélorusses, ce qu’est la solidarité des peuples d’Europe ! Nous appelons l’Union européenne à faire ce qu’elle a fait sans sourciller avec l’île de Chypre, en l’admettant comme un pays membre.

Avec la Russie et la Biélorussie, l’Union européenne veillera à ce que cet élargissement à l’Ukraine ne soit pas une déchirure définitive et qu’elle permette à terme aux peuples russes et aux peuples biélorusses de développer un sentiment commun d’appartenance à une même Europe continentale. Il faudra veiller ainsi aux mécanismes et arrangements nécessaires pour que cette adhésion permette aussi les échanges entre les biens et les hommes des voisins de l’est.

Ce que nous demandons est faisable. L’Allemagne de l’Est rejoignit l’Union européenne en un an, grâce au grand homme d’État que fut Helmut Kohl !
Cet appel de Kiev s’adresse donc aux Institutions européennes, à la présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, au président du Conseil européen Charles Michel, à la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, à la présidente du Comité économique et social européen Christa Schweng, au président du Comité européen des régions, Apostolos Tzitzikostas, mais aussi à tous les chefs d’État et de gouvernement de l’UE et notamment Emmanuel Macron, dont le pays, la France, préside actuellement le Conseil de l’Union européenne.

Certains États membres de l’Union ont déjà pris des décisions courageuses. L’Estonie, la Lituanie, la Lettonie, la République tchèque, la France et la Pologne ont décidé de fournir du matériel civil et militaire à l’Ukraine tandis que le Danemark, les Pays-Bas, l’Espagne se sont engagés à renforcer la présence militaire dans la région ; la France se prépare à faire de même en Roumanie.

Si tout cela va dans la bonne direction, celle d’un renforcement de la dissuasion, cela risque cependant de ne pas être suffisant pour assurer la stabilité de l’Ukraine à court et moyen termes. C’est une chance historique pour le président Emmanuel Macron qui assure la présidence du conseil de l’Union européenne de faire de cette dernière un véritable acteur stratégique dans cette crise. Puisqu’en 2015 l’Union européenne a reconnu « les aspirations européennes de l’Ukraine » et s’est félicitée « de son choix européen », le moment est venu de lui donner une réelle perspective d’intégration en ouvrant immédiatement les négociations d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.


article publié également dans la Tribune de Genève

Publié par Olivier Védrine dans CECI dit, 0 commentaire

Guerre en Ukraine : un conflit qui peut devenir mondial

24 février 2022.
Nous venons d’échanger avec notre collègue et contributeur du CECI
Alexandre Melnik, professeur de géopolitique à l’ICN Business school, Nancy, Paris, Berlin. Auteur et ancien diplomate.
Reprenant ici, selon sa proposition, quelques éléments d’une interview réalisée par Éric Molodtzoff pour France 3 Grand Est, voici son analyse sur la guerre en Ukraine et les réelles intentions de Vladimir Poutine. Alexandre Melnik estime que le conflit peut devenir mondial. 

Le point de bascule

L’invasion de l’Ukraine est le point de bascule le plus tragique depuis la Seconde Guerre mondiale. « Ce n’est pas une guerre déclarée seulement contre l’Ukraine mais une guerre déclarée contre l’humanité. Vladimir Poutine en porte l’entière responsabilité ».
C’est effectivement une guerre contre les valeurs que portent les civilisations occidentales, notamment la Liberté et les droits de l’Homme. Lorsque nous l’interrogeons sur les raisons qui ont amené à cette situation, Alexandre Melnik estime que trois raisons expliquent l’agressivité et l’expansionnisme de Poutine.
« La première nous ramène aux origines de la civilisation russe. Cet immense pays s’est toujours senti comme une forteresse assiégée, cernée par des ennemis. C’est une sorte d’obsession de persécution qui traverse toute l’histoire de la Russie.
La deuxième raison nous ramène à la fin de l’URSS dans les années 90, lorsque le communisme est tombé. Pour la plupart des Russes, ces années ont été vécues comme des années d’humiliation alors que c’était la délivrance par rapport à un système criminel.
Concernant la troisième, il veut se protéger contre la Liberté car elle signerait l’arrêt de mort de son régime répressif, liberticide et ultra autoritaire. » 

Les faiblesses de l’Occident

Vladimir Poutine profite des faiblesses de l’Occident. C’est la faiblesse de notre démocratie et celle de notre mode de vie qui forment le terreau nourricier de l’agression de Poutine. Il profite de l’absence de contre-feu. Pour lui, le seul interlocuteur qui pourrait lui tenir tête ce sont les États-Unis. Les Européens sont aujourd’hui affaiblis de l’intérieur, empêtrés dans leurs propres contradictions internes. Le monde occidental vit une crise existentielle et Poutine s’introduit dans les interstices de cette crise qui frappe aujourd’hui la civilisation occidentale. 

Distinction entre Vladimir Poutine et le peuple russe 

Ne pas assimiler Poutine et la Russie : « Étant donné que nous vivons dans un monde global et interconnecté, il faut se donner les moyens de s’adresser au peuple russe par-dessus la tête de Poutine. Le peuple russe est intelligent. Il faut s’adresser directement à lui en lui disant que Poutine ment et affirmer clairement que les Ukrainiens ne veulent pas attaquer la Russie, ce n’est pas un pays nazi. L’Ukraine est un pays démocratique dont le président a été élu par le peuple ». 

Stop !

Quelle suite ? Pas de pari sur l’avenir mais une vision lucide : « Je constate les choses telles qu’elles sont. Il faut avoir le courage de faire un diagnostic de la situation et à partir de là toutes les options sont sur la table. Il faut continuer à vivre et trouver la parade. Elle doit être urgente face à cette agression qui présente un danger pour la paix dans le monde entier ».
Selon A. Melnik, Vladimir Poutine continuera jusqu’au moment où il sera arrêté. Comme Winston Churchill qui a dit « stop » à Hitler, aujourd’hui Il faut en faire de même face au dictateur russe car les conséquences de cette agression pourraient être dévastatrices. Il s’agit d’une agression contre l’humanité tout entière, une attaque contre les gens de bonne volonté qui veulent construire et donner du sens à leur vie, qui veulent cheminer vers le bonheur. 

La nécessité d’une réponse ferme 

Les actions prônées par l’expert en géopolitique sont sans appel : détermination et fermeté. En effet, sans réponse ferme c’est la porte ouverte à un monde dominé pour les régimes répressifs, autoritaires comme celui de Poutine où l’individu ne sera qu’un rouage de l’État. Cela ramène à la question centrale de la place de l’homme : est-il né pour être esclave ou pour être libre ? 

« Il faut opposer la force à la force. Passer par une escalade pour amorcer la désescalade. La seule chose que Vladimir Poutine comprend, c’est le rapport de force. Il ne fonctionne pas avec un logiciel rationnel comme le nôtre. Seule la force fermement exprimée peut lui barrer la route, s’il n’est pas déjà trop tard. » 

Publié par Cercle CECI dans CECI dit, 0 commentaire

Guerre en Europe : l’UE au pied du mur

La Russie, par son président, vient de déclarer la guerre au monde occidental. L’invasion de l’Ukraine, pays souverain qui a voulu quitter l’URSS pour retrouver sa liberté et son histoire, se trouve aujourd’hui confrontée à ce que le continent européen a connu à la fin des années 30. Nous pensions et espérions ces temps belliqueux révolus. Il n’en est rien. Plus de 70 années de paix au sein des pays signataires de l’UE viennent de prendre fin. Le conflit sera durable quoi qu’il se passe. Les traces seront innombrables et difficiles à effacer. 

Les Européens doivent regretter aujourd’hui de n’avoir pas su aller plus loin dans leur projet d’Union européenne de la défense. Il va falloir être très solidaires. Le moment est donc bien venu pour l’UE de faire la preuve de sa capacité à une réponse vigoureuse et à un soutien sans réserve à l’Ukraine. C’est le moment, pour nous Européens, de nous affirmer comme autorité véritable sur le continent européen. Seule une réaction forte de la part de l’UE, avec ses alliés de l’OTAN, permettra une reconnaissance de ses citoyens mais aussi du reste du monde face au risque d’un conflit généralisé car nous n’en sommes que trop près mais pas forcément prêts. 

Un acte fort et solidaire attendu 

La guerre lancée par le président Poutine doit avoir une réponse unanime de la part des 27. Cette réponse commence par l’annonce, la promesse, d’ouvrir en urgence la possibilité pour l’Ukraine de rejoindre l’Union européenne. Seul cet accès rapide à l’UE peut être une substitution réelle et efficace à une adhésion impossible, pour le moment, du pays attaqué à l’OTAN.

C’est une guerre contre l’Ukraine et contre le monde, une attaque en règle contre les démocraties et l’ordre du monde. Face à cela on entend les propos de Vadym Omelchenko, l’ambassadeur d’Ukraine en France, qui appelle au soutien de la France, seul pays de l’UE à détenir les moyens de la dissuasion. Il revient à Emmanuel Macron de par sa fonction actuelle de président en exercice du Conseil de l’Union européenne de porter une double réaction, à la fois au nom de la France et au nom de l’UE.

La réponse est celle des sanctions efficaces contre la Russie, par l’économie, les échanges commerciaux et les finances et tout autre moyen non militaire tant que cela sera possible. Mais c’est une guerre qui va nous toucher durablement. Il n’y a pas que le gaz dont on parle souvent. La stabilité du monde est désormais lourdement affectée. La déclaration de guerre ne concerne pas que l’Ukraine mais aussi tous les voisins, les Pays baltes, la Finlande et la Suède particulièrement inquiets. 

L’enjeu est humain. Le nombre des réfugiés peut atteindre selon les experts de l’ONU 5 millions de personnes. Il va falloir les accueillir. À ce niveau les Européens doivent faire vite et beaucoup. Nous revenons aux heures noires.

Publié par Emmanuel Morucci dans CECI dit, Emmanuel Morucci, 0 commentaire

Trait d’Union

Former les futurs journalistes aux questions européennes 

Il y a presque deux ans l’Association des journalistes européens que je préside a publié une lettre ouverte dans Les Echos avec le Mouvement européen pour protester contre le manque de couverture des questions européennes par les médias français. 

Nous avons été reçus par Clément Beaune, le Secrétaire d’État aux Affaires européennes, Sabine Thillays, la Présidente de la Commission des Affaires européennes à l’Assemblée nationale et par Roch Olivier Maistre, le Président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et feu la remarquable Conseillère Michèle Léridon. Tous ont fait leur possible pour agir et faire changer les esprits. 

Malgré cela, la couverture de l’Europe n’a guère augmenté. 

Il y a un an jour pour jour, avec 5 consœurs et confrères (dont certains avaient fait le CHEE), nous nous sommes dit qu’il n’y avait qu’une seule solution : prendre les journalistes à la racine ! Autrement dit, proposer des master-class autour de l’Europe aux étudiants journalistes afin de leur donner envie d’en parler une fois dans une rédaction. 

Et le 18 février 2021, Pauline Adès-Mevel, Sandrine Amiel, Laurence Aubron, Xavier Chemisseur, Jean Baptiste Letondeur et moi-même avons créé l’association Trait d’Union. Je dois reconnaître que nous avons été surpris par l’engouement autour de notre initiative. 

Comme vous pouvez le constater sur notre site, nous avons été immédiatement rejoints par d’éminents journalistes et soutenus par d’éminentes personnalités. La Fondation Hippocrène et le Ministère des Affaires étrangères nous ont rapidement fait confiance et proposé un financement. Les responsables de la Maison Jean Monnet ont accepté de collaborer avec nous et d’accueillir des étudiants. 

Trait d’Union (traitdunion.eu.com)

Résultat : un an plus tard, nous avons déjà réalisé des master-class au CFJ, ESJ Lille, Sciences Po Paris, Celsa, IPJ Dauphine, EPJT, La Chance, IJBA Bordeaux et même à l’Académie du journalisme et des médias de l’Université de Neuchâtel en Suisse. Opérations de grande ampleur pour lesquelles Karima Delli, Serge Guillon, Fabienne Keller, Guillaume Klossa, Philippe Le Guen et Philippe Perchoc ont accepté de se déplacer. 

2022 sera une année test pour Trait d’Union. Une fois la PFUE passée, les écoles de journalistes continueront-elles à vouloir former leurs étudiants sur l’Europe ?

Nous, à Trait d’Union, nous faisons le pari que oui !

Véronique Auger
Secrétaire générale Trait d’Union.

Publié par Véronique Auger dans CECI dit, Véronique Auger, 0 commentaire