Guerre en Ukraine : un conflit qui peut devenir mondial

Cercle CECI
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24 février 2022.
Nous venons d’échanger avec notre collègue et contributeur du CECI
Alexandre Melnik, professeur de géopolitique à l’ICN Business school, Nancy, Paris, Berlin. Auteur et ancien diplomate.
Reprenant ici, selon sa proposition, quelques éléments d’une interview réalisée par Éric Molodtzoff pour France 3 Grand Est, voici son analyse sur la guerre en Ukraine et les réelles intentions de Vladimir Poutine. Alexandre Melnik estime que le conflit peut devenir mondial. 

Le point de bascule

L’invasion de l’Ukraine est le point de bascule le plus tragique depuis la Seconde Guerre mondiale. « Ce n’est pas une guerre déclarée seulement contre l’Ukraine mais une guerre déclarée contre l’humanité. Vladimir Poutine en porte l’entière responsabilité ».
C’est effectivement une guerre contre les valeurs que portent les civilisations occidentales, notamment la Liberté et les droits de l’Homme. Lorsque nous l’interrogeons sur les raisons qui ont amené à cette situation, Alexandre Melnik estime que trois raisons expliquent l’agressivité et l’expansionnisme de Poutine.
« La première nous ramène aux origines de la civilisation russe. Cet immense pays s’est toujours senti comme une forteresse assiégée, cernée par des ennemis. C’est une sorte d’obsession de persécution qui traverse toute l’histoire de la Russie.
La deuxième raison nous ramène à la fin de l’URSS dans les années 90, lorsque le communisme est tombé. Pour la plupart des Russes, ces années ont été vécues comme des années d’humiliation alors que c’était la délivrance par rapport à un système criminel.
Concernant la troisième, il veut se protéger contre la Liberté car elle signerait l’arrêt de mort de son régime répressif, liberticide et ultra autoritaire. » 

Les faiblesses de l’Occident

Vladimir Poutine profite des faiblesses de l’Occident. C’est la faiblesse de notre démocratie et celle de notre mode de vie qui forment le terreau nourricier de l’agression de Poutine. Il profite de l’absence de contre-feu. Pour lui, le seul interlocuteur qui pourrait lui tenir tête ce sont les États-Unis. Les Européens sont aujourd’hui affaiblis de l’intérieur, empêtrés dans leurs propres contradictions internes. Le monde occidental vit une crise existentielle et Poutine s’introduit dans les interstices de cette crise qui frappe aujourd’hui la civilisation occidentale. 

Distinction entre Vladimir Poutine et le peuple russe 

Ne pas assimiler Poutine et la Russie : « Étant donné que nous vivons dans un monde global et interconnecté, il faut se donner les moyens de s’adresser au peuple russe par-dessus la tête de Poutine. Le peuple russe est intelligent. Il faut s’adresser directement à lui en lui disant que Poutine ment et affirmer clairement que les Ukrainiens ne veulent pas attaquer la Russie, ce n’est pas un pays nazi. L’Ukraine est un pays démocratique dont le président a été élu par le peuple ». 

Stop !

Quelle suite ? Pas de pari sur l’avenir mais une vision lucide : « Je constate les choses telles qu’elles sont. Il faut avoir le courage de faire un diagnostic de la situation et à partir de là toutes les options sont sur la table. Il faut continuer à vivre et trouver la parade. Elle doit être urgente face à cette agression qui présente un danger pour la paix dans le monde entier ».
Selon A. Melnik, Vladimir Poutine continuera jusqu’au moment où il sera arrêté. Comme Winston Churchill qui a dit « stop » à Hitler, aujourd’hui Il faut en faire de même face au dictateur russe car les conséquences de cette agression pourraient être dévastatrices. Il s’agit d’une agression contre l’humanité tout entière, une attaque contre les gens de bonne volonté qui veulent construire et donner du sens à leur vie, qui veulent cheminer vers le bonheur. 

La nécessité d’une réponse ferme 

Les actions prônées par l’expert en géopolitique sont sans appel : détermination et fermeté. En effet, sans réponse ferme c’est la porte ouverte à un monde dominé pour les régimes répressifs, autoritaires comme celui de Poutine où l’individu ne sera qu’un rouage de l’État. Cela ramène à la question centrale de la place de l’homme : est-il né pour être esclave ou pour être libre ? 

« Il faut opposer la force à la force. Passer par une escalade pour amorcer la désescalade. La seule chose que Vladimir Poutine comprend, c’est le rapport de force. Il ne fonctionne pas avec un logiciel rationnel comme le nôtre. Seule la force fermement exprimée peut lui barrer la route, s’il n’est pas déjà trop tard. » 

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