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La période qui s’ouvre est dynamique. La Conférence pour l’Avenir de l’Europe devrait apporter éléments, réflexions et sentiments pour réorienter l’Union pour les décennies à venir. Nous y participons. Les enjeux sont de l’ordre de la politique intérieure et touchent à notre vie quotidienne, celle de tous nos concitoyens, au bien être économique, social et environnemental, à la préservation et au soutien des cultures diverses comme à la prise en compte de la culture commune qui fait notre unité. Elle reste largement à construire.
Les enjeux sont aussi extérieurs et touchent à la politique étrangère, aux règles des échanges commerciaux et des matières premières, à notre sécurité et on le sait maintenant à la défense de notre territoire commun d’appartenance. Tous ensemble nous devons aussi lutter contre le réchauffement climatique. L’influence de l’UE vis-à-vis du reste du monde est en ce domaine une pierre angulaire qu’il convient de sceller.
Toutes ces questions sont celles qui sont proposées à tous les citoyens lors de ce débat. Nous sommes invités à dire ce que peut être et doit être l’UE. Une démocratie participative pas simple à mettre en place mais bien réelle. La synthèse s’annonce complexe. C’est un grand pas dans la définition d’une citoyenneté européenne qui doit encore être approfondie et structurée.
Où, ailleurs dans le monde, une union d’États sollicite-t-elle à ce point ses ressortissants ?
Tenir compte des visions du monde de nos partenaires européens
Toute parole sera une base sérieuse de référence pour la Présidence française de l’Union européenne qui commence pour six mois en janvier 2022. Le débat sera fort en France notamment avec la concomitance des élections présidentielle et législatives, tout comme les élections allemandes donnent à penser que le sujet européen sera au cœur d’une évolution.
Et nous devons désormais tenir compte de toutes les situations que nous venons de connaître, de toutes les épreuves que nous venons de traverser.
« L’Europe ne se fera pas dans un ensemble mais dans une succession de crises » avançait il y a soixante-dix ans Robert Schuman.
Les Européens viennent de connaître des expériences qu’ils doivent garder à l’esprit comme un fil rouge afin de se positionner globalement et stratégiquement. Bien des réponses seront européennes ou ne seront pas. Mais elles devront prendre en compte la pratique de la subsidiarité réelle et donc de la prise de décision au niveau local et régional. Un changement de praxis en quelque sorte.
Ainsi nous avons à tenir compte des visions du monde de chacun de nos partenaires. Nous sommes unis certes, mais dans la diversité. Une première chose, essentielle, est de vérifier si nos valeurs communes sont entendues de la même manière par tous. C’est un champ auquel le CECI va s’atteler dans son rôle d’observatoire et de laboratoire d’idées s’intéressant aux identités multiples, aux mises en œuvre de la citoyenneté européenne et aux stratégies d’européanisation.
L’UE peut être fière de ses avancées et résultats mais elle ne sait pas le dire
Insuffisamment reconnue, l’UE a réalisé ces derniers mois beaucoup de choses. Peut-être ne sait-elle pas le dire ni être fière de ses actions. Elle doit savoir dire ses savoir-faire pour espérer une reconnaissance et un partage de cette fierté par les Européens. La présidente de la Commission Ursula Van der Layen en a beaucoup dit lors de son discours sur l’état de l’Union.
Un seul exemple avec la crise du Covid qui a permis une stratégie vaccinale : 7 contrats avec des laboratoires, 4,7 milliards de doses, un comité de pilotage mis en place par les États-membres. 257 millions de personnes ayant déjà reçu les deux doses.
Un sommet s’est tenu à Rome pour penser les stratégies et anticiper d’éventuelles pandémies à venir. C’est un axe de l’Europe politique nouveau.
La santé n’est pas une compétence de l’UE mais on voit que les institutions communes peuvent apporter un soutien scientifique, logistique aux pays membres (compétences d’appui). L’UE finance un programme de recherche pour une thérapie, un anticorps au Covid. Ce qui représente pas moins de cinq traitements possibles dans l’UE.
En interne, la Commission européenne a constitué HERA (Health Emergency Response Authority) visant à renforcer la capacité de l’Union européenne à prévenir, détecter et contrer rapidement « les prochaines crises sanitaires, en assurant le développement, l’approvisionnement, le stockage et la distribution des traitements médicaux nécessaires » ; il ne s’agit pas d’une agence mais plutôt une autorité capable d’anticiper les crises, gérer l’urgence sans attendre l’OMS. Parlant de santé, le cancer est désormais une autre cible commune.
Le sentiment d’appartenance doit se développer pour tous, pas seulement une élite minoritaire
Il reste encore du chemin à parcourir et la Conférence sur l’avenir de l’Europe est susceptible d’apporter des réponses concrètes, en tout cas susciter chez le politique sinon cette obligation au moins le désir de placer l’humain au cœur de la construction européenne. L’UE n’est pas faite seulement pour une minorité de gens se sentant à l’aise dans le projet européen (10%).
Elle n’est pas faite pour « réduire l’homme et la société à l’état d’objets quantifiables et mesurables, ni nourrir l’illusion qu’il serait possible de les gérer conformément à des lois immanentes révélées par la science » écrit l’économiste Gael Giraud de l’Institut d’études avancées de Nantes (Gael Giraud & Felwine Sarr, l’Économie à venir, 2021).
Non, elle est faite pour nous tous, qui sommes des « êtres parlants » et les politiques européennes doivent tenir compte de toutes les dimensions langagière, technique, historique, artistique, religieuse ou politique, des systèmes symboliques. Ainsi aux côtés de la biologie, de l’informatique, des sciences dites dures, on ne peut se passer des sciences sociales. La CAE devra le souligner.
C’est parce qu’elles sont convoquées que l’on pourra apporter une pierre solide à l’édifice, une pierre angulaire et une clé de voûte. La réflexion sur les grands enjeux doit se faire à cette échelle avec la participation de tous, y compris associations et cercles de réflexion. Le CECI pour sa part participe à de plus en plus de conférences et de séminaires. Ainsi le travail avance et chacun y participe.
Une politique étrangère commune face aux soubresauts du monde
L’Europe est plus que jamais confrontée aux nécessaires mesures politiques. Il ne s’agit pas uniquement du nécessaire plan de relance qui est une innovation dans le processus décisionnel de l’UE et qui permet de sauvegarder notre économie. La politique migratoire pose les questions les plus fondamentales. Il semble que l’on n’avance pas bien vite. Les crises durent et se multiplient. La situation afghane est préoccupante même si l’UE a évacué 17 500 personnes. Non, il faut désormais aller plus loin et plus plus fort. En matière de défense commune dont on parle beaucoup. La « Boussole stratégique » (embryon d’une Europe de la défense) appelle quatre questions centrales. Elles se présentent à la réflexion des politiques européens et nécessitent des réponses à brève échéance :
Quelle est la capacité de l’UE ?
Quelle doctrine ?
Quelles capacités d’interventions opérationnelles ?
Quelles modalités pour la prise de décision ?
Sur ces questions, tous les pays de l’UE ne sont pas sur la même longueur d’ondes. Il faut donc se reposer ensemble les questions fondamentales du pourquoi et du comment, de l’objectif de l’UE. C’est un des dossiers très attendu de la Présidence française à la suite de la Conférence sur l’avenir de l’Europe dont il faudra faire une synthèse rapide. C’est là aussi que nous pourrons vérifier l’équivalence de nos représentations de ce qu’est l’UE et du poids de nos valeurs communes.
C’est sur ces questions que le CECI poursuivra ses travaux.