9 juin : tout sauf une élection nationale

Emmanuel Morucci

Au moment où les différentes têtes de listes fourbissent leurs projets pour l’Europe, il est primordial de rappeler que les Européennes ne sont pas des élections au rabais. C’est même l’inverse. La désignation des parlementaires de l’UE est de la plus haute importance pour l’UE, la France et les citoyens que nous sommes.
Ce sont les eurodéputés qui ont la responsabilité du choix de la future Commission européenne (art 17). Le Conseil européen (Chefs d’État et de gouvernement représentant les États) propose au Parlement européen un candidat à la présidence de la Commission. Ce dernier est ensuite élu, après un grand oral, par l’assemblée qui dispose d’un droit de véto.
C’est aussi à eux que revient, en codécision, l’adoption d’actes législatifs au niveau de l’UE.
Si les députés européens ne disposent pas de tous les pouvoirs d’un parlement national, ils représentent les peuples européens, et en cela l’institution parlementaire constitue le creuset de la démocratie dans son sens le plus pur et le plus précieux.

Quels enjeux ?
Le choix des électeurs déterminera ce que sera l’Europe de demain. Ce n’est donc pas un vote anodin. Ce n’est en aucun cas et surtout pas une élection nationale comme certains partis politiques s’emploient à vociférer à coups de raccourcis employés à tour de bras.
Voter le 9 juin mérite une vraie réflexion. Le bulletin glissé dans l’urne aura des effets concrets. Il engagera l’UE et chacun des pays dans une direction qui conditionnera notre vie quotidienne. Le vote est déterminant.
Il s’agit de répondre à une série de questions en nous positionnant sur l’avenir de l’Union européenne, notre avenir, dans un monde bouleversé par les guerres, les migrations et l’urgence écologique.
Une première est celle de l’Europe que nous souhaitons : Marché économique ou puissance ? L’interrogation est centrale au moment où se pose, par exemple, celle d’une Défense commune.
Une deuxième est l’idée que l’on se fait de la gouvernance : intergouvernementale comme c’est le cas aujourd’hui ? Fédérale, confédérale ou encore, comme les droites extrêmes le suggèrent une « Europe des nations » ? Cette dernière proposition n’entraînerait, à mon sens, qu’égotisme et compétition entre les États. L’Europe et les Européens méritent mieux.

Oui à une Europe forte
C’est une élection importante car l’Europe, loin d’être achevée, est présente dans notre vie quotidienne. L’UE doit jouer un rôle dans la complexité de notre monde, au moment où « le paradigme de la mondialisation s’est totalement transformé », où les relations internationales entre États continents (Chine/Russie, Inde, USA, UE,…) tendent fortement à se régionaliser.
L’existence d’une Europe forte est une condition incontournable pour l’économie, l’écologie, la lutte contre le changement climatique, la démocratie, la citoyenneté et la paix.
On pensait l’avoir compris lorsque la guerre en Ukraine a mis les gouvernements et les sociétés européennes à l’épreuve.

Ne pas se tromper d’élection
Désigner nos parlementaires européens amène chacun d’entre nous à s’interroger en profondeur.
Quid de l’Euro ? De la PAC ? De projets comme Copernicus et Galiléo, de la politique étrangère ?
Les candidats quant à eux doivent répondre aux questionnement autrement que par des slogans réducteurs et dépourvus de toute analyse digne de ce nom.
Quelles formes donner aux échanges commerciaux ? Quel budget pour l’UE ? (aujourd’hui à peine plus de 1% du PIB de chaque État).
Beaucoup de ces problématiques se traitent au niveau européen.
Le compte à rebours a commencé. Nous sommes à cinq semaines des élections européennes.
Ne nous trompons pas d’élection.

2 commentaires

Olivier Brunet

Tu as raison, bien sûr, Emmanuel
Mais la « lame de fond » est forte, pas seulement en France, et sera hélas difficile à éviter, je le crains, malgré nos efforts de pédagogie

Bonno Bernard

Bien vu Emmanuel, malheureusement je n’ai pas encore entendu beaucoup de candidats évoquer les véritables enjeux de ces élections.
Seraient ils plutôt préoccupés par des questions nationales, leur présence sur une liste ou le montant de leur future indemnité ?

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