Des enjeux pour la PFUE 2022

Emmanuel Morucci
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Depuis le 1er janvier la France préside le Conseil de l’Union européenne.
De fait, l’agenda de cette institution centrale de l’Union est géré par notre pays pour un semestre. Déjà nombre de réunions et de rencontres sont prévues et se dérouleront dans l’hexagone.
Il est donc temps de présenter nos vœux de succès au Président de la République qui sera le personnage scruté des prochains six mois pour cette responsabilité qui engage près de 500 millions de personnes.
La mission s’annonce délicate car, dans notre pays, on rencontrera un télescopage entre cette responsabilité et la campagne présidentielle, le tout au moment où le Brexit entre dans le dur et alors que se poursuit la pandémie.
Ces vœux de réussite s’adressent aussi à ceux qui œuvrent concrètement afin que l’UE fonctionne au quotidien. Ils sont nombreux et travaillent à la Commission, au Parlement et dans les institutions. Cela concerne aussi les diplomates ; on oublie souvent leur rôle primordial eux qui, dans la discrétion, négocient, élaborent, conseillent sans que le grand public ne voie ni même sente leur présence. Pensons aussi aux ONG et associations, nombreuses, dont la vocation de parler d’Europe, de communiquer et de penser son devenir est constante.

Vers une souveraineté de l’UE

Pour le Président, il ne s’agit pas seulement de gérer un agenda ou d’organiser des rencontres des ministres ou d’experts. La PFUE va lui permettre de donner une impulsion forte dans différents domaines pour faire progresser l’UE, vers les citoyens comme en relations internationales. Les champs d’intervention ne manquent pas après plus d’une décennie d’incertitudes et une pandémie qui n’en finit pas.
L’UE n’a pas démérité. Elle donne du poids à l’idée centrale, celle d’une Europe qui cherche sa souveraineté. Ce n’est pas qu’un slogan ; la souveraineté européenne se hisse désormais au sommet de toutes les thématiques et concerne l’ensemble des compétences exclusives et partagées. Une souveraineté certes transférée, mais surtout partagée par chacun des États membres.
On trouve ainsi comme champs d’action les domaines où seule l’UE peut réellement intervenir, là où les États sont trop faibles pour être efficaces seuls. Je pense au réchauffement climatique et à la baisse du CO2, à la satisfaction des besoins grandissant en énergies, à l’agriculture et à la qualité des productions, mais encore à la sécurité en mer et à la garantie d’une pêche soutenable, à la gestion des migrations, au respect de la dignité de la personne humaine et à l’implication effective, concrète, efficace de l’UE dans les pays d’origine. Je pense à la paix sur notre continent ou à ses frontières, à la nécessaire politique étrangère qui d’une certaine manière a la main sur toutes les thématiques développées plus haut. Je pense à la sécurité des Européens sur terre, sur et dans les mers, dans les airs et dans l’espace. Tout cela revient à l’UE en tant qu’Union d’États membres et souverains.

Une Europe de proximité

Mais la vraie priorité met en avant les citoyens, les hommes et les femmes de nos pays, qui sont les bénéficiaires de ces politiques et de l’évolution de l’Union vers un statut plus intégré. C’est bien ainsi que les Fondateurs ont pensé l’Europe ; bien sûr, celle des débuts, balbutiante mais tellement énergisante pour tous ceux qui à l’époque se sont démenés pour panser les plaies de conflits lourds et ont imaginé un futur pour nos générations, cette Europe que l’Histoire et quelques dernières cicatrices ne manquent pas de nous rappeler. C’est cette envie d’Europe, ce désir, qu’il revient au Président de la République de raviver. Les participants à la CAE, l’ont tous souligné et réclamé.
Face à la mondialisation, à la compétition entre régions du monde, entre États continents, l’Union européenne détient cette possibilité, cette force d’existence et de régulation.
Tout cela, sans oublier que nous sommes une démocratie : un territoire où les droits des minorités sont garantis sans mettre à mal ceux des majorités. En UE, ce qui caractérise le débat politique c’est la recherche permanente du consensus. C’est ainsi qu’elle fonctionne et réussit. C’est sa culture et son modèle social ; il faut les faire vivre. C’est une exception dans le monde et c’est aussi notre manière d’être, de faire, de penser et d’agir, toujours dans le respect de la dignité de la personne humaine. Lors des crises, si la réaction apparaît parfois tâtonnante, il en émerge toujours la solution, marque de fabrique des Européens. L’UE doit maintenant s’affiner, se consolider, s’affirmer.
La Conférence montre au Président les orientations citoyennes. Les Européens ont réfléchi et donné les pistes à suivre pour une Europe voulue plus forte et aussi plus agréable à vivre : une UE respectueuse de ses valeurs et de notre humanité. C’est la volonté des Européens. Globalement, tout en connaissant les réalités de la compétition mondiale, ils veulent que l’UE demeure encore et toujours un havre de paix, un espace où il fait bon vivre dans le maintien des particularismes locaux. Une vraie subsidiarité en quelque sorte.

On n’aime bien que ce que l’on connaît bien

Dans cette perspective, concrètement les citoyens demandent plus d’éducation, de réalités sociales, de possibilité d’épanouissement pour les jeunes générations, et une sécurité accrue.
Ils attendent tout cela de l’UE comme si elle était un État. Certains le souhaitent, d’autres non. « L’UE n’a pas vocation à le devenir », disait Robert Schuman. Cela n’empêche pas de progresser vers une gestion plus ouverte de la communauté.
Le triptyque sur lequel s’appuie le Président français est « Relance, Puissance, Appartenance ». Si les deux premiers items s’entendent facilement, le troisième est d’importance : en effet, sans sentiment d’appartenance le succès de tout projet à long terme est vain.
« On n’aime bien que ce que l’on connaît bien » titrait le CECI il y a peu ; montrer qu’il existe, aux côtés des cultures nationales et régionales une réelle culture commune est une des actions qui permettra à l’UE d’avancer et à ses citoyens d’être fiers d’être européens.

1 commentaire

Gutmann Francis

Très bonne synthèse des enjeux de la PFUE, Emmanuel ! Espérons que nous ne serons pas déçus.
Bien à toi
Francis

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