Ambiance émouvante au moment où le président Zelensky a pris la parole au Parlement européen en visioconférence.
Son discours est celui d’un homme politique debout faisant face à son ennemi mais aussi capable de demander de l’aide. Il émanait de lui dignité, humilité et force. Il a exhorté l’Union européenne à ne pas laisser tomber son pays agressé par l’armée russe. Il a aussi, et c’est important de le souligner, tant dans les faits que symboliquement, renouvelé sa demande d’adhésion à l’Union européenne. Il avait signé le document officiel devant ses réseaux sociaux presque en catimini.
On le sait, cette adhésion ne peut se faire en l’état, dans la précipitation de la guerre. Mais martèle-t-il « Nous avons prouvé notre force. Prouvez donc que vous êtes avec nous, alors la vie l’emportera sur la mort et la lumière sur les ténèbres ».
Dans un précédent article l’hypothèse d’un acte fort et solidaire de l’UE, l’invitant à faire preuve de sa capacité à une réponse vigoureuse et au soutien sans réserve à l’Ukraine, était posée.
L’UE l’a fait et bien fait. Elle apporte la preuve de sa puissance qu’elle ne connaissait peut-être pas. Puissance économique certes mais aussi politique dans son rôle de défense lorsqu’elle s’engage dans une réponse ferme mais de construction de la paix. C’est une image nouvelle et peut-on le dire un tournant radical au vu de sa culture des décennies précédentes.
Plusieurs amis membres ou contributeurs du CECI (et d’autres) demandaient un accès rapide pour l’Ukraine à l’UE précisant que l’engagement d’un processus d’adhésion est une alternative, un substitut à l’impossible adhésion à l’OTAN. Les eurodéputés ont adopté une résolution, non contraignante, pour demander à l’UE d’accorder à Kiev le statut de candidat. C’est un vrai premier pas.
Le message fort de Roberta Metsola la présidente du Parlement européen est clair : « le Parlement européen soutiendra la candidature d’adhésion de l’Ukraine à l’Union tout au long du processus ».
Mais le Président Michel l’a aussi rappelé : « les positions ne sont pas toutes les mêmes au sein des États membres ». Le ministre français des Affaires étrangères Jean Yves Le Drian semblait même dire que « l’on en parlerait le moment venu ». Il n’a pas tort, l’avenir nous le dira.
Dans l’immédiat c’est le soutien sans réserve à l’Ukraine qui compte. À l’Ukraine et aux pays voisins, aux États membres de l’UE menacés eux aussi. Nous sommes désormais engagés, les uns et les autres, dans un conflit de dimension mondiale. Bien sûr nous n’enverrons pas – pour l’heure – de troupes sur le territoire ukrainien mais les sanctions prises par la communauté internationale auront des effets à long voire très long terme. Et nous ne sommes pas à l’abri de provocations russes dans d’autres régions du monde. Je pense ici au Mali où les troupes françaises préparent leur retour.
À propos des sanctions des pays européens, la présidente de la Commission Ursula van der Leyen s’est dite « être fière de notre Union qui fait preuve d’une volonté commune ». Notre présidente est au fait des difficultés qui nous attendent. Je cite : « Je suis bien consciente du fait que ces sanctions auront un coût pour notre économie également. Je le sais bien et je tiens à être honnête avec les citoyens européens. Nous avons subi deux années de pandémie. Et nous espérions tous pouvoir nous concentrer sur la relance de notre économie. Mais je crois que les citoyens européens comprennent très bien que nous devons nous opposer à cette cruelle agression. Oui, protéger notre liberté a un prix. Mais l’heure est grave. Et c’est un prix que nous sommes prêts à payer. Parce la liberté n’a pas de prix ».
Concernant le souhait d’adhésion, elle ouvre la porte tout en sachant que le processus est toujours très long. Mais son discours est éloquent et tout est dit : « Le Président Zelenskyy et le peuple ukrainien sont une véritable source d’inspiration. La dernière fois que nous nous sommes parlé, il m’a fait à nouveau part du rêve de son peuple d’adhérer à notre Union. Aujourd’hui, l’Union et l’Ukraine sont déjà plus proches que jamais. Il reste un long chemin à parcourir. Nous devons mettre fin à cette guerre. Et nous devrions parler des étapes à venir. Mais j’en suis sûre : personne dans cet hémicycle ne peut douter qu’un peuple qui lutte si courageusement pour nos valeurs européennes a sa place dans notre famille européenne ».
La guerre en Ukraine n’a pas divisé les Européens. Bien au contraire. De la guerre, des heures sombres, de la peur, de la mort renaîtra une Ukraine libre de ses choix et va s’ouvrir, après cette énième crise, une étape nouvelle et fondamentale pour l’Union européenne. D’autant plus que la Géorgie et la Moldavie ont déposé une demande d’adhésion. Le monde d’avant est bel et bien terminé. L’approfondissement de l’UE est nécessaire.
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