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De Besançon ou de Berlin, de Cherbourg ou de Friburg, de Bretagne ou de Nuremberg, ils sont une petite douzaine d’étudiants français ou allemands à préparer un « Master d’Études franco-allemandes Coopération et Communication transfrontalière » à l’Université de Metz, dans le cadre d’un partenariat entre les universités de Lorraine, de la Sarre et du Luxembourg.
Rencontre avec Karen, 21 ans, qui après une double licence Droit-LEA (Droit carrières internationales) à l’Université de Bretagne Occidentale a quitté Brest pour la Lorraine.
Pourquoi ce choix ? Pour quelles perspectives ?
Après avoir eu l’occasion d’effectuer plusieurs séjours et échanges en Allemagne (scolaire et Brigitte Sauzay), je me suis découvert de fortes affinités avec ce pays, sa langue et sa culture. Aussi, je pense que favoriser les relations franco-allemandes pourrait me plaire. De plus, j’ai toujours été intéressée par l’Union européenne, sa construction historique… Pendant ma Licence, j’ai suivi des cours de Droit de l’Union européenne et du marché intérieur européen qui m’ont beaucoup plu.
À l’avenir, je pense que je pourrais travailler à l’organisation d’échanges de jeunes comme celui auquel j’ai pris part quand j’avais 15 ans, ou bien peut‑être plus directement lié à l’Europe.
Selon vous, pourquoi est-ce important de se diriger vers des études européennes ?
Tout d’abord pour comprendre ce que fait l’UE, par ses institutions et ses politiques, pour comprendre nos droits en tant que citoyens européens et quel rôle nous pouvons jouer (en votant aux européennes, par exemple). Ensuite, pour faire perdurer et améliorer l’Union européenne.
En tant que Française, quelles différences et points communs rencontrez-vous chez les autres étudiants ?
Avec les étudiants allemands ? Je ne sais pas vraiment quoi dire, nous avons tous un parcours très différent (Allemands comme Français). Je dirais que nous avons tous une assez grande ouverture d’esprit et un amour pour la France/l’Allemagne. Dans les méthodes de travail cela semble également assez similaire. Je ne vois pas de vraie différence Français/Allemands, juste des différences liées aux personnalités.
Quelle est, de votre point de vue, la différence entre être citoyenne française et citoyenne européenne ?
Pour moi, être citoyenne française c’est concret, je dirais sans hésiter que cela me définit, j’ai presque le sentiment qu’elle est innée. La citoyenneté européenne, bien que je me définisse aussi comme citoyenne européenne, est plus discrète, acquise plutôt qu’innée. Je pense que cela est lié à l’absence de langue européenne.
Cet été, j’ai passé quelques jours en auberge de jeunesse en Bavière et ai eu l’occasion de rencontrer des jeunes européens et non européens (Irlande, Belgique, Royaume-Uni, Canada, Costa Rica, USA) et j’ai ressenti que les Européens se rapprochaient un peu plus vite, ce qui m’a étonnée car généralement on ressent assez peu le sentiment d’appartenance à l’Europe.
Selon vous, quels principes ou valeurs doivent alimenter le projet européen ?
C’est déjà le cas mais à approfondir : paix, démocratie, justice, égalité, droits de l’Homme.
Quelles personnalités ont marqué ou marquent aujourd’hui la construction européenne ?
Robert Schuman, Jean Monnet pour la création de la communauté européenne, Valéry Giscard d’Estaing et Helmut Schmidt pour la continuation (mais surtout l’amitié franco- allemande). Mais peu de noms me viennent en tête.
Autrement, bien sûr David Cameron, Theresa May et Boris Johnson pour le Brexit, bien que cela n’entre pas forcément dans la « construction » européenne.
De quand date votre propre ouverture ou sensibilisation à l’Europe ?
2011, en classe de CM2, grâce à une institutrice très impliquée qui a su rendre le projet européen attractif en faisant participer notre classe à un concours de BD de l’AEDE* « l’Europe se bouge, bouge-toi avec l’Europe ».
Avez-vous des suggestions ou des pistes à conseiller pour que cet éveil ait lieu chez les citoyens ?
Pour les enfants il faudrait en parler tôt, dans toutes les écoles primaires. Je sais que mon institutrice de CM2 a mis en place des échanges de décorations de Noël confectionnées par les enfants avec des écoles d’Europe pour créer un sapin européen. Je pense que c’est un bon moyen de créer un sentiment européen.
Pour les adultes, je pense que rendre le système institutionnel plus clair serait très bénéfique. Tout le monde devrait avoir une idée du rôle des institutions européennes (au même niveau que les nationales).
Comment voyez-vous aujourd’hui l’avenir de l’Europe ?
Je pense que la guerre en Ukraine et la menace russe vont renforcer l’unité de l’Europe, donc qu’aucun État membre ne voudra quitter l’UE dans un futur proche.
J’ai le sentiment que les États membres travailleront davantage à un approfondissement qu’à un élargissement de l’Union.
Avez-vous un message particulier à exprimer ?
Merci à toutes celles et ceux qui œuvrent pour l’Europe !
*AEDE : Association Européenne De l’Education Propos recueillis par Marie-Laure Croguennec
[…] L’Europe, dans les yeux de Karen – 28 octobre 2022 […]