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Réflexion sur les partenariats franco-allemands et européens à l’approche des 60 ans du Traité de l’Élysée.
En 2022 et 2023, les anniversaires de l’histoire européenne se multiplient : 70 ans du Parlement européen ou de l’Assemblée parlementaire, 60 ans de la fin de l’Europe en Afrique suite aux accords d’Évian, 30 ans du Traité de Maastricht, 10 ans du prix Nobel de la paix, … et bientôt les 60 ans du Traité de l’Élysée.
Ce traité a été une grande réussite pour les dirigeants politiques de l’époque en France et en Allemagne, de Gaulle et Adenauer. Il a été rendu possible parce que de nombreuses organisations de la société civile avaient préparé le terrain, déjà avant la fin de la guerre dans les camps de prisonniers de guerre des deux pays et en partie avec le soutien du gouvernement militaire français dans sa zone d’occupation allemande. Mais ce fut aussi une performance particulière de certains représentants de l’Église catholique, comme l’évêque Théas de Montauban, fondateur de Pax Christi, mais également de personnalités ayant des racines dans le judaïsme allemand, comme Alfred Grosser et Joseph Rovan qui, en tant que directeur du bureau Éducation populaire, a marqué de son empreinte de nombreuses orientations de la politique culturelle et éducative. Mais depuis 1950, des jumelages comme celui de Ludwigsburg et de Montbéliard ont également constitué une base solide pour le rapprochement officiel franco-allemand en 1963. La coopération civile et sociale est donc allée de pair avec le rapprochement politique, si ce n’est l’a précédé.
Dans ce contexte, en lisant le Traité d’Aix-la-Chapelle (2019) dont le but consiste à compléter et renforcer son prédécesseur de 1963, on peut se demander si ce précepte est toujours valable aujourd’hui ou si les problèmes actuels de la coopération franco-allemande officielle ne sont pas dûs au fait qu’il semble manquer un fondement social. En voici quelques exemples : Les articles 2, 5 et 24 stipulent notamment que « les deux États procèdent régulièrement à des consultations à tous les niveaux avant les grandes rencontres européennes et s’efforcent ainsi d’établir des positions communes », que les deux gouvernements « procéderont à des échanges entre leurs cadres dirigeants » et qu” »au moins une fois par trimestre, un membre du gouvernement de l’un des deux États, à tour de rôle, participe à une réunion du cabinet de l’autre État. » Quelles sont les associations, les organisations ou même les écoles – éventuellement dans la zone frontalière – qui peuvent prétendre que leurs cadres se rencontrent régulièrement et adoptent des positions communes sur des questions essentielles les concernant et qui échangent leurs cadres ? Cela pourrait contribuer à améliorer la qualité de leur coopération et à développer des perspectives d’avenir communes.
L’avenir est décrit à l’article 9 comme un « espace culturel et médiatique commun », auquel les « instituts culturels intégrés » doivent également contribuer. L’article 11 évoque en outre le développement de l’Université franco-allemande et la participation aux universités européennes. Quelles associations, organisations et écoles en France et en Allemagne considèrent leur coopération comme une contribution à la création d’un espace éducatif franco-allemand et s’efforcent d’harmoniser toujours plus leurs activités et de les intégrer peu à peu ? Les associations et les organisations pourraient disposer à moyen terme d’un instrument approprié à cet effet avec le statut d”« association européenne », actuellement en discussion au Parlement européen1.
Il est temps que les organisations et institutions de la société civile – aujourd’hui et non pas dans 60 ans – reviennent à la hauteur de la politique officielle, si ce n’est qu’elles deviennent des précurseurs pour les services et institutions étatiques !
1 voir à ce sujet le « rapport Lagodinsky » présenté au Parlement en février 2022 : https://lagodinsky.de/eunite4democracy/?lang=en (19.12.2022)