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Restauration de la nature : le Parlement européen dit OUI

À l’annonce des résultats les applaudissements ont fusé dans l’hémicycle ce 12 juillet. Les eurodéputés viennent d’adopter un texte clé du Green deal européen ou Pacte vert pour l’Europe proposé par la Commission européenne. Il s’agit, selon la Commission, « d’une série de propositions visant à adapter les politiques de l’UE en matière de climat, d’énergie, de transport et de fiscalité en vue de réduire les émissions nettes de gaz à effet de serre d’au moins 55 % d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990 ».

Ce que le parlement a voté (et seulement cela) est la loi commune sur la restauration de la nature, la renaturation pour être précis de lieux dégradés par la main de l’homme et bien souvent pollués. Il s’agit d’un processus par lesquels les espèces vivantes « recolonisent » spontanément un milieu ayant subi des perturbations écologiques.

“La terre et la mer à sauver », voici ce qui était en jeu lors du vote de Strasbourg. C’est en tout cas ce qu’annonçait ce mardi le quotidien italien La Repubblica. Même sensiblement édulcoré des critères initiaux, le texte est d’importance et traduit aussi, au delà des fondamentaux environnementaux, la volonté des parlementaires européens de se faire entendre fortement et concrètement à un an des élections européennes.

Il faut le dire le texte n’est pas anodin et oblige États membres et territoires à la restauration d’au moins « 20 % des zones terrestres et marines dégradées à l’horizon 2030, et 100 % avant 2050”.
C’est un texte fort que la Commission et le Conseil portent depuis plusieurs mois. Il est l’expression d’un constat : celui que notre biodiversité est non seulement en danger mais en voie de disparition. Le texte de loi est désormais très clairement institué comme le symbole de la politique environnementale de l’Union européenne.

Au décompte des votes, le texte est adopté avec 336 voix pour. 300 euro-députés ont voté contre et 13 se sont abstenus. À noter, et cela n’est politiquement pas anodin, qu’une motion de rejet du texte proposée par les conservateurs du PPE a été écartée mais à une courte majorité. Cela a du sens et a sauvé le texte. Une victoire indéniable pour les camps institutionnels et pro-environnementaux qui s’inscrit dans la voie et la volonté de la durabilité. Précisons que le poids des scientifiques a également été déterminant tout comme celui des jeunes générations sensibles aux questions qui touchent l’environnement.

Objectif premier : restaurer terres dégradées et espaces marins

Lorsque l’on habite, comme moi, en Bretagne, un territoire urbain-rural et maritime, l’enjeu est connu et donc largement soutenable. Le texte vise en effet à imposer aux États membres des objectifs contraignants de restauration des terres et espaces marins abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive, dans la lignée de l’accord de la COP15 à Montréal axé sur la protection de la nature et les moyens de mettre un terme à l’appauvrissement de la biodiversité partout dans le monde.

Ainsi, les Vingt-Sept vont devoir instaurer d’ici 2030 des mesures de restauration sur 20 % des terres et espaces marins à l’échelle de l’UE, puis d’ici 2050 sur l’ensemble des zones qui le nécessitent. Selon la Commission européenne « plus de 80 % des habitats naturels dans l’UE sont dans un état de conservation « mauvais ou médiocre » (tourbières, dunes et prairies tout particulièrement), et jusqu’à 70 % des sols sont en mauvaise santé. Tout cela étant dû aux pollutions successives, à l’urbanisation, les exploitations intensives, etc. ».

Soyons clairs, il ne s’agit pas de jeter l’opprobre sur des métiers mais plutôt sur des pratiques. Et avant tout penser à notre propre devenir, à celui des générations à venir. Le commissaire européen à l’environnement, Virginijus Sinkevicius, en convient. Il a rappelé que cette loi sur la restauration de la nature était, je cite, « la première grande loi européenne sur la nature depuis trente ans et un exemple unique au monde ». Il s’appuie sur les analyses et rapports de scientifiques pluridisciplinaires. En effet, ce sont plus de 3000 chercheurs ont expliqué que « les plus grandes menaces pour la sécurité alimentaire étaient le changement climatique et la dégradation de la nature ».

Sur ce point l’Organisation des Nations Unies prend position. Pour elle comme pour les Européens, pour être efficaces, toutes les dispositions sont à prendre à l’échelon planétaire. Le site onusien stipule que « la survie de l’humanité dépend des écosystèmes, tels que les forêts, les zones humides et les cours d’eau. Ils fournissent de l’eau propre, abritent des animaux, comme les abeilles, essentiels à la production alimentaire, et jouent un rôle clé dans la lutte contre la crise climatique ».

À titre d’exemple, précisons qu’en Europe, « l’érosion des sols affecte 12 millions d’hectares de terres, soit environ 7 % de l’ensemble des terres agricoles, et coûte aux agriculteurs 1,25 milliard d’euros par an en perte de productivité » selon les données de la Commission européenne. Des chiffres à méditer et à reporter dans le contexte.

Au delà du politique, un affrontement entre scientifiques et conservateurs

Les experts affirment qu’en plus de protéger la nature, ce chemin ouvert par les institutions européennes, Conseil, Commission et Parlement européen à la suite de l’ONU peut aider les agriculteurs à augmenter leurs rendements et à renforcer la sécurité alimentaire mondiale. L’ONU et la FAO estiment que chaque dollar investi dans la restauration et la gestion durable des terres peut générer jusqu’à 30 dollars d’avantage économique, notamment une augmentation des rendements agricoles, une meilleure disponibilité de l’eau et une réduction de la dégradation des terres. Mais cela nécessite des changement de mentalités et l’émergence d’un nouveau paradigme. Mais n’est ce pas là le but ?

Il en va de même pour le secteur de la pêche et la ressource halieutique. Deux tiers des écosystèmes océaniques sont dégradés ou modifiés et un tiers des populations de poissons marins sont pêchées de manière non durable.

Sans aucun doute, ce vote va laisser des traces dans l’hémicycle de Strasbourg et dans l’opinion. Il peut être vu comme une opposition entre porteurs d’une sensibilité écologiste et ceux qui s’y opposeraient au nom de la rentabilité des productions. Mais ce serait un raccourci trop rapide et marquerait une insuffisance dans la construction d’une pensée tenant compte de toutes les complexités. Une euro-députée française du PPE justifiait son vote, celui de son parti en revendiquant le « pragmatisme de son organisation politique et une approche productiviste ». Elle dénonçait un texte nuisible à la production agricole et à l’activité économique « de toute production économique, industrielle, forestière et agricole en Europe ».

Les élus écologistes quant à eux regrettent une version du texte trop édulcorée. Mais rappelons que les États membres avaient adopté le 20 juin un texte assez similaire à celui voté par le Parlement.

Au final le parlement, représentant les peuples et citoyens de l’Union, a voté pour des objectifs contraignants afin de restaurer des espaces naturels dégradés. C’est un texte important, un des piliers du Pacte vert de l’Union européenne.

Publié par Emmanuel Morucci dans CECI dit, Emmanuel Morucci, Les contributeurs, 5 commentaires

Rendre les téléphones plus économes en énergie et faciles à réparer

Économie circulaire : de nouvelles règles européennes pour rendre les téléphones et les tablettes plus économes en énergie et faciles à réparer.

La Commission européenne propose ce 16 juin de nouvelles règles pour aider les consommateurs à faire des choix éclairés lorsqu’ils achètent des téléphones mobiles et des tablettes.

En vertu du règlement sur l’étiquetage énergétique proposé aujourd’hui, les smartphones et les tablettes mis sur le marché de l’UE devront afficher des informations sur leur efficacité énergétique, leur degré de réparabilité, la longévité de leurs batteries, leur protection contre la poussière et l’eau et leur résistance aux chutes accidentelles. C’est la première fois qu’un produit mis sur le marché de l’UE devra afficher un indice de réparabilité.

Publié par Cercle CECI dans Annonces, Cercle CECI, 0 commentaire

Bon anniversaire Erasmus

Erasmus a 36 ans. Le 15 juin 1987 naissait l’emblématique programme européen.

Il a depuis soutenu la mobilité de plus de 10 millions de personnes, ouvrant les esprits et permettant des rencontres par-delà les frontières.

Il y aura eu également de nombreux couples formés et bien plus d’un million de bébés Erasmus. Bravo.

Comme quoi l’esprit européen se forme et passe par les échanges et la culture.

Happy birthday Erasmus.

Publié par Cercle CECI dans Annonces, Cercle CECI, 0 commentaire

Tous les chemins d’Europe mènent à Compostelle

S’ils trouvent leur source au Moyen Âge, les chemins vers St-Jacques-de-Compostelle sont loin d’être déconnectés en ce XXIe siècle. Un franc succès, voire un engouement pour ces itinéraires empruntés que chaque marcheur s’approprie. Que les motivations soient religieuses, spirituelles, sportives, familiales, touristiques, elles fédèrent des valeurs d’humanité partagées par nombre de personnes se vêtant du costume de pèlerin le temps de ces journées de ressourcement. Un avant et un après.
Béatrice Bordeau est formatrice à l’École Supérieure d’Agriculture auprès de jeunes en reconversion professionnelle, et vit à Peuton dans le périmètre mayennais de Château-Gontier. Elle a également été agricultrice avec son mari pendant plus de 30 ans. Âgée aujourd’hui de 60 ans, elle s’est récemment mise en chemin sur cet itinéraire européen.

Crédit photo Ouest-France

Rencontre avec une pèlerine foncièrement européenne. Lire la suite →

Publié par Marie-Laure Croguennec dans CECI interviewve, Marie-Laure Croguennec, 0 commentaire

Du poing serré à la main tendue…

Autres temps, autres mœurs dit parfois le bon sens populaire, ou du moins ce qui se considère comme tel. L’expression est en tout cas taillée sur mesure pour parler des relations franco-allemandes, en ces temps où on célèbre à si juste titre le soixantenaire du Traité de l‘Élysée qui vit Charles de Gaulle, ancien prisonnier trois fois blessé en 1914–1918, et Konrad Adenauer joindre leurs mains et le destin de leurs patries respectives. Un ancien « poilu » et un père de famille dispensé des obligations militaires mais qui eut à pâtir de ce conflit notamment comme maire de Cologne à partir de 1917 venaient non pas seulement de faire la paix, mais de faire de la paix l’instrument durable de leur Union, et de la prospérité solidaire de leurs deux pays, si souvent jusqu’alors impérialistes en quête de suprématies nouvelles.

La méthode des deux visionnaires ne faisait en vérité que reprendre l’idée, nous devrions écrire l’idéal, d’autres anciens de la Grande Guerre : aussi bien Robert Schuman, affecté administratif dans les rouages allemands du fait de sa santé délicate de Mosellan sous le joug prussien, qu’Alcide de Gasperi, membre du Parlement autrichien depuis 1911 avant le rattachement tant attendu de sa région à l’Italie en 1918, ou Spaak, incarcéré à 16 ans alors qu’il cherchait à gagner la région du Havre et, de là, les troupes belges encore au combat autour du Roi. La force de tous ces hommes, devant les ruines encore fumantes et les millions de morts et d’invalides, de veuves ou d’orphelins en quête de vengeance, fut de donner à cette vengeance un autre tournant : ce n’était plus de l’adversaire de la veille qu’il fallait se venger mais de la méthode pernicieuse qui faisait régulièrement se dresser les uns contre les autres les voisins européens.

Il faut se rappeler que lors de la conférence de La Haye en 1948, dans l’un des pays ayant le plus durement souffert, et le plus longuement puisque jusqu’en mai 1945 du conflit avec les dictatures totalitaires, la délégation allemande fut précautionneusement introduite la dernière. Et que les applaudissements spontanés des congressistes devant ces pénitents qui fondirent en larmes pour assumer les péchés des autres dont ils avaient eux-mêmes souffert dans leur chair, fut l’annonce que le ciment de l’amitié avait pris. Et il n’a cessé de se consolider en nombre comme en profondeur, créant et consolidant ainsi ces solidarités de fait dont Schuman devait dire le 9 mai 1950 qu’elles seraient la manière de construire l’Europe que chacun appelait de ses vœux.

Tel fut le chemin, et ce que de Gaulle et Adenauer sacralisèrent a fait école : seul hôte étranger admis à La Boisserie le chancelier rhénan a fait école : on a beaucoup écrit et parfois ironisé sur les couples Giscard-Schmidt ou Mitterrand-Kohl, mais les deux hommes la main serrée à Verdun valaient tous les discours et sacralisaient toute la démarche. Un grand moment de l’Histoire comme celui qui vit Willy Brandt spontanément à genoux devant le monument du ghetto de Varsovie en 1970, face à des officiels polonais dépassés par la spontanéité et la profondeur humaine du geste de leur hôte. Il est des moments où la résipiscence confine à la grandeur !

Pierre angulaire d’une Europe sans frontières et depuis plus de 70 ans sans conflit sur ses frontières originelles (la plus longue période de paix de son long et tourmenté passé) ce couple franco-allemand a chassé de nos mentalités le mythe de l‘ennemi héréditaire, qu’avait si longtemps occupé l’Anglais et qui était le moyen habile de détourner l’attention et les mécontentements nationaux sur un commode bouc émissaire extérieur. Aujourd’hui, au lieu de s’accuser et de se reprocher les effets, nos pays ont choisi de s’associer et de s’attaquer aux causes, et ce qui vaut si étroitement pour la France et l’Allemagne s’est étendu depuis, et ne cesse de se consolider, jusqu’à associer la quasi-totalité du Vieux Continent. Le Rhin était une coupure, il est devenu une couture. Et nos histoires s’en sont trouvées raccommodées !

Publié par Philippe Tabary dans CECI dit, Les contributeurs, Philippe Tabary, 0 commentaire

L’Europe, un espace démocratique ?

Dans le cadre du Cycle Chrétiens en politique, Emmanuel Morucci, sociologue (UCO Brest), Conférencier pour la Commission européenne et Président du du Cercle Europe Citoyennetés et Identités – CECI était l’invité des Frères dominicains de Nancy et des membres de la Fraternité Laïque dominicaine de la ville.

Le thème proposé par les organisateurs dans le cadre de ce cycle avait pour but de faire réfléchir à ce qu’est l’Union européenne et surtout permettre une réflexion sur la dimension démocratique de cet ensemble politique en devenir.

Le sujet a permis d’aborder l’essence même du projet européen, du processus de démocratie actuel et de s’interroger sur les complexités de notre temps. La citoyenneté commune et la culture issue de cette construction, partagée par tous, portent les éléments tangibles de cette démocratie commune aux pays membres et à leurs citoyens. La question du type d’union européenne souhaitée et de ses formes de gouvernance à bien sûr été posée.

On l’imagine, à la suite d’une présentation dynamique et très documentée les questions furent nombreuses.

Cela se passait au Couvent des Dominicains le 4 mai à quelques jours de la journée de l’Europe.

Publié par Cercle CECI dans CECI fait, Cercle CECI, 0 commentaire

9 mai, des symboles… et des actes

Le mois de mai 2023 est riche en jours fériés, tombant pour la plupart en semaine cette année.
À l’exception des personnes n’exerçant pas le lundi, toutes les autres peuvent se projeter dans des semaines hautement raccourcies où le défi consiste à accomplir autant de travail en moins de temps. Un comble en ce mois commençant par la fête… du travail.

En effet, ces jours fériés incombent tout d’abord au 1er mai, fête du travail s’il en est. 7 jours plus tard, on remet ça ; cette fois, c’est pour commémorer l’armistice de la guerre 1939–1945. On ne va pas s’en plaindre : il nous paraît évident et acquis que ces événements hautement symboliques dans le domaine des droits pour l’un et des valeurs de paix pour l’autre soient reconnus au point qu’un effort économique, civique et… de relâche leur soit accordé. Cela dit, s’ils nous semblent évidents et inscrits dans nos calendriers, cela n’a pas toujours été le cas : c’est depuis la Libération et réellement en 1948 que le 1er mai est devenu férié et chômé, mais ce n’est pas le cas du 8 mai qui lui a rejoint les jours enviés du calendrier en 1981. Eh oui ! Alors que l’armistice du 11 novembre 1918 s’est imposé à 4 ans d’âge dans les jours fériés dès 1922, il aura fallu 9 fois plus d’années, soit 36, pour que la paix sur le continent européen soit validée à hauteur de sa grande sœur de 1918. Allez comprendre… Peut-être fallait-il s’assurer que cette fois-là elle serait durable ?

Si aujourd’hui ce calendrier perforé se conjugue parfaitement avec une envie et un besoin de printemps chantant, il ne faudrait pas pour autant négliger l’origine de ces bienfaits. Assurément, quand le calendrier les rend plus visibles, il se peut qu’ils résonnent davantage. Quoi qu’il en soit il ne faudrait pas en oublier la genèse.

Jamais deux sans trois

À défaut de la semaine des quatre jeudis, le mois de mai pourrait et devrait bien accueillir la dizaine des trois jours fériés. Sans minimiser la légitimité des deux premiers, un troisième devrait indubitablement s’imposer : le 9 mai. Non pas parce que Léonid Brejnev l’a imposé en 1965 comme victoire des Alliés sur l’Allemagne nazie, décalage horaire oblige, mais parce qu’un certain mardi de 1950, le 9 mai, le courageux, le valeureux, l’audacieux Robert Schuman a prononcé un discours au salon de l’horloge du quai d’Orsay appelant les ennemis d’hier à se réconcilier. Presque passée sous silence en son temps, cette date a donné naissance le 18 avril 1951 au Traité de Paris, créant la CECA, première pierre de la construction européenne. Il aura fallu d’ailleurs attendre 1985 pour reconnaître cette date comme l’acte fondateur de l’Europe de paix, celle de la citoyenneté et des peuples.

Les échos médiatiques peuvent la rendre plus ou moins discrète ou visible, mais quelles que soient les années il revient à en célébrer cet acte fondateur, garant de notre paix aujourd’hui âgée de 78 ans : un record quand on sait que les précédentes périodes de paix sur le continent européen n’ont jamais excédé 27 ans.

La faute à qui ?

Alors, à l’heure où depuis quatorze mois les bombes résonnent sur le sol ukrainien, la Paix, durable et continue, ne mériterait-il elle pas une incarnation forte ?
La Paix voulue, souhaitée, et mise en germe par Robert Schuman ne vaut-elle pas une journée fériée dans l’année au sein des vingt-sept États membres de l’Union européenne ?

Comme tout peuple se retrouve dans les symboles comme une devise ou un drapeau, parce que c’est par des réalisations concrètes que se construit le sentiment d’appartenance, un jour commun partagé s’impose comme ciment d’une construction identitaire et citoyenne : à quand le 9 mai, férié et chômé, institué comme un moment partagé entre les 450 millions de citoyens européens ?

Et pour une fois, à juste titre, on pourra dire « c’est la faute à l’Europe ».

Publié par Marie-Laure Croguennec dans CECI dit, Les contributeurs, Marie-Laure Croguennec, 1 commentaire

UE et énergie, quelle politique ?

En matière d’énergie, l’Union Européenne cherche encore sa politique industrielle et prend le risque que son Green Deal soit made in China ou in USA

Depuis 2021, l’Europe est confrontée à une crise des prix de l’énergie sans précédent.
Les raisons sont structurelles, avec entre autres l’organisation fondamentalement libérale du marché de l’énergie, appelé Market Design, la sortie allemande du nucléaire et son corollaire, la dépendance au gaz russe.
Elles sont aussi conjoncturelles : la reprise post-COVID, avec des prix de l’électricité et du gaz qui ont flambé sur les marchés européens et qui atteignent des niveaux insupportables tant pour les entreprises que pour les citoyens. La crise russo-ukrainienne n’a fait qu’aggraver la crise, en doublant cette crise des prix par un risque de pénurie du fait des tensions croissantes sur la sécurité des approvisionnements énergétiques de l’Europe.

Dans nombre de capitales européennes, l’urgence a conduit à prendre des mesures de boucliers tarifaires aussi protecteurs que bienvenus, et de mécanismes de soutien financier aux entreprises, mais souvent en ordre dispersé au risque de créer de véritables distorsions de concurrence entre les différentes économies européennes. Le plan allemand de soutien à l’économie de 200 milliards d’euros en est la parfaite illustration.

Mais si cette crise devait durer, malgré l’accalmie connue début 2023, les États auraient alors bien du mal à perpétuer ces dispositifs au regard de leur coût pour les finances publiques. Au risque de ne plus pouvoir éviter la débâcle industrielle qui résulterait d’un écart durable de compétitivité énergétique entre l’Europe et le reste du monde, car ce n’est qu’en Europe que les prix de l’énergie ont à ce point flambé. Ce sont alors les délocalisations des industries, en particulier les « énergo-intensives », qui pourraient s’emballer. Une catastrophe industrielle doublée d’une crise sociale… sans oublier l’abandon de souveraineté économique.

Le directeur général de l’Agence Internationale de l’Énergie a d’ailleurs déjà exprimé son inquiétude sur l’hiver prochain qui pourrait être encore plus compliqué que le précédent en matière de sécurité des approvisionnements énergétiques de l’Europe.

Il y a donc urgence à aller au-delà des mesures de circonstance et à revoir de fond en comble le marché européen de l’énergie.

La Présidente de la Commission européenne l’a reconnu elle-même. Le marché dysfonctionne et il faut le réparer, quitte à remettre en question trente années de dogmes libéraux à Bruxelles, mais les résistances sont nombreuses, dans les services de la Commission comme dans quelques pays qui ne jurent que par le libre-échange. Rappelons que le marché guidé par la seule concurrence libre et non faussée n’est pas une fin en soi, et dans le secteur de l’énergie, une application plus que rigoriste de la loi du marché peut nous faire passer à côté de l’essentiel, à savoir construire une vision de long terme qui assure la sécurité des approvisionnements et la neutralité carbone.

C’est bien là l’enjeu des prochains mois : réorienter la construction européenne de l’énergie pour quitter le dogme du marché et revenir aux priorités de toute politique énergétique, en tenant compte notamment qu’avec la digitalisation de nos économies et de nos sociétés l’électricité est plus que jamais un bien essentiel relevant de l’intérêt général. Car il en va de l’avenir de l‘industrie européenne et de la prospérité économique du continent.

L’ambition climatique, qui est vitale, ne peut pas faire l’impasse sur la question de la sécurité énergétique. La sécurité énergétique de l’Europe sera probablement et logiquement un des sujets à venir des élections européennes du printemps 2024. Mais à en croire les annonces faites par la Commission le 14 mars dernier, la réforme du marché de l’énergie risque d’accoucher d’une souris… et encore, puisque certains États-Membres se réfugient derrière l’accalmie actuelle sur les marchés de l’énergie pour tenter de réduire la réforme à sa portion congrue.

Certes, la Commission européenne a publié ce printemps le Net Zero Industry Act ou NZIA comme réponse au plan américain appelé IRA ou Inflation Reduction Act, qui ne vise à rien moins que faire du protectionnisme vert. Favoriser l’industrie européenne des énergies renouvelables, y compris gazières, face à ce protectionnisme vert américain, cela va dans le bon sens. D’autant plus, serait-on tenté de dire, qu’Outre-Atlantique, le terme vert englobe de nombreuses technologies bas carbone, dont le nucléaire, puisque l’IRA subventionnera une large palette d’investissements nucléaires.

Oui, le NZIA va dans le bon sens. Mais en Europe, l’idéologie verte continue de régner en maître à Bruxelles : le NZIA évoque le nucléaire du bout des lèvres, et la Présidente de la Commission n’a pas hésité à dire que le nucléaire n’était pas stratégique en Europe. Elle semble avoir la mémoire courte puisque le traité Euratom, un des traités fondateurs de l’Union, stipule que l’UE doit favoriser les investissements nucléaires. Pire, en agissant ainsi, la Commission ouvre un boulevard à l’industrie nucléaire américaine pour conquérir les marchés des pays d’Europe centrale et orientale. Nombre de ces pays, impatients de construire, agrandir ou renouveler leurs parcs nucléaires, cherchent en effet un partenaire sur lequel ils peuvent compter dans la durée pour les aider technologiquement et financièrement. Certains, dont les Polonais, savent pouvoir compter sur leurs alliés américains. D’autres, comme les Hongrois, savent devoir compter sur leurs anciens maîtres russes, restés très présents dans le domaine énergétique.

Au-delà du nucléaire, ne perdons pas de vue que c’est aussi le GNL américain qui inonde le continent européen depuis plus d’un an.

Alors, que fait l’Europe, pendant que l’aigle américain et l’ours russe se disputent l’est de notre continent ? Eh bien, l’Europe choisit de regarder ailleurs. Dans sa fuite en avant vers les énergies vertes, y compris renouvelables intermittentes, considérées à Bruxelles comme la seule solution climatique acceptable, elle prend le risque de se laisser enfermer dans une dépendance à la Chine, qui maîtrise nombre de technologies vertes, solaire et véhicules électriques en tête, et exporte vers l’Europe de plus en plus de composants et équipements de celles-ci. Si la Commission faisait dès 2000 de la diversification des approvisionnements le cœur de sa stratégie, elle a très vite oublié ses propres recommandations….

Est-ce bien ça, une politique industrielle ambitieuse, la sécurité énergétique et l’autonomie stratégique européennes ? Et la course à l’exemplarité pour une forme de fondamentalisme vert que certains poussent à Bruxelles est-elle compatible avec l’impératif d’une stratégie de puissance industrielle ? Le débat est ouvert en amont des élections européennes… pour éviter que le Green Deal cher à la présidente de la Commission ne soit made in China ou in USA !

Publié par Alexandre Grillat dans Alexandre Grillat, CECI dit, 0 commentaire

Prix LUX 2023

Le Parlement a créé le Prix LUX du film en 2007
pour contribuer à la diffusion des films européens de qualité
qui reflètent la diversité culturelle en Europe et au-delà,
et qui abordent des sujets d’intérêt commun, comme la dignité humaine, l’égalité,
la non-discrimination, l’inclusion, la tolérance, la justice et la solidarité.

Depuis 2020, le prix LUX, le Prix du film du public européen,
est décerné par le Parlement et l’Académie du film européen,
en partenariat avec la Commission européenne et le réseau Europa Cinémas.

5 films ont été présélectionnés cette année :
Nos soleils, Burning days, Close, Sans filtre et Feux follets

Le gagnant sera sélectionné conjointement par les députés du Parlement européen
et le public, chaque partie représentant 50 % du résultat final.
Les votes sont ouverts jusqu’au 12 juin 2023.

Dans le cadre de la journée de l’Europe,
le CECI,
en partenariat avec le Parlement européen,
vous présente l’un de ces films : « Nos soleils ». 

Il sera présenté au cinéma Les Studios à Brest le 9 mai à 20 h
et sera suivi d’un débat animé par
Emmanuel Morucci, président du CECI,
avec Alain Lamour,

ingénieur agricole et membre de la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Entrée gratuite.

Synopsis : Depuis des générations, les Solé passent leurs étés à cueillir des pêches dans leur exploitation à Alcarràs, un petit village de Catalogne. Mais la récolte de cette année pourrait bien être la dernière car ils sont menacés d’expulsion. Le propriétaire du terrain a de nouveaux projets : couper les pêchers et installer des panneaux solaires. Confrontée à un avenir incertain, la grande famille, habituellement si unie, se déchire et risque de perdre tout ce qui faisait sa force…

Publié par Cercle CECI dans CECI fait, Cercle CECI, 1 commentaire

Cultures et sociétés : quelles évolutions ?

Conférence au Havre 13 avril.

À l’invitation de la Maison de l’Europe de Seine-Maritime, Emmanuel Morucci, docteur en sociologie, président du Cercle Europe Citoyennetés et Identités – CECI et conférencier Team Europe pour la Commission européenne, a donné une conférence devant les membres de la Maison de l’Europe au cours d’un diner débat.

Accueilli respectivement par Pierre Menguy, président de la Maison de l’Europe de Seine-Maritime et membre du Team Europe, E. Morucci a développé son intervention autour d’une idée forte « Cultures et sociétés : quelles évolutions ? » Le sujet a été traité dans une perspective sociologique européenne. Une invitation pour les membres de la Maison de l’Europe 76 à une réflexion plus approfondie sur les changements multiples et simultanés que nous vivons. Une réussite à en juger par les réactions très positives des personnes présentes.

Publié par Cercle CECI dans CECI fait, Cercle CECI, 0 commentaire