Rapport Chopin : une erreur déterminante ?

Marie-Laure Croguennec
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« Enseigner l’Europe en France », tel est l’objet des 126 pages de l’étude menée par Thierry Chopin* pour l’institut Jacques Delors : une étude riche, fouillée, comparative, constituée de constats et de recommandations fortes. Appuyée dans la préface par les propos déterminés de Clément Beaune, secrétaire d’État chargé des Affaires européennes, l’on ne peut que se réjouir de la publication et mise à disposition d’un tel outil.

Certes, mais… dès le sous-titre « Ancrer la dimension européenne dans l’enseignement secondaire français » apparaît un questionnement : pourquoi une telle étude, d’une telle qualité, menée par des personnes aux expertises et compétences avérées, fait-elle abstraction de l’enseignement élémentaire ?
Cela ressemble fort à une erreur de base : de manière factuelle tout d’abord puisque les derniers programmes de l’Éducation nationale par le redécoupage des cycles regroupent les niveaux CM1, CM2 et 6e dans le cycle 3.
Mais aussi de manière pragmatique : l’école maternelle et primaire joue un rôle déterminant par la présence ou la carence des apprentissages, et pas seulement pour l’apprentissage de la lecture très souvent cité.

Ne commencerait-on à parler à un enfant qu’à l’âge de deux ou trois ans sous prétexte qu’avant il n’en est pas capable ? N’est-ce pas plutôt parce qu’on lui parle dès la naissance (et même avant !) qu’il le fera ensuite ?

Cet exemple peut paraître simpliste mais il met en évidence une vision non seulement réductrice mais fortement erronée. Certes, le rapport ne dit pas le contraire, mais l’absence d’analyse sur les premières années de scolarité et apprentissages est révélatrice d’une vision selon laquelle les choses sembleraient commencer dans l’enseignement secondaire.

Si l’on veut dénoncer l’immobilisme, rectifier le menu peau de chagrin de l’éducation à l’Europe, et proposer des remédiations pour sortir de l’échec actuel d’appropriation de notre destin européen, on ne peut pas faire abstraction de ces 8 premières années de scolarité : oui, vous avez bien lu, 8 ans pendant lesquels des choses se font et se feront… ou pas.
Et ça, c’est déterminant.

*https://institutdelors.eu/publications/enseigner-leurope-en-france/

Publié par Marie-Laure Croguennec

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