La vigueur de la démocratie européenne

Patrick Martin-Genier
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L’Europe a vécu ces derniers mois une période sombre. Le Brexit a largement contribué à faire douter les citoyens sur l’avenir de la construction européenne. La montée du vote extrême, surtout celui de l’extrême droite – ce que l’on a appelé le populisme – a même failli faire sombrer plus de 60 ans de construction européenne.

On en était même à se demander si l’extrême droite populiste et xénophobe n’allait pas remporter une majorité de sièges au Parlement européen lors des dernières élections du mois de mai. Heureusement le scénario le plus pessimiste ne s’est pas produit et il est même possible de dire que l’horizon s’éclaircit, bien que tout risque de remontée de l’extrême droite ne soit pas exclu.

Le danger de l’extrême droite écarté

Les gouvernements populistes en Europe soit ont disparu, soit sont en mauvaise posture.
En Autriche, l’extrême droite a entraîné la chute du premier gouvernement Kurz en raison d’un scandale relatif aux liens du leader d’extrême droite avec des personnes proches du Kremlin, scandale qui a permis de mettre en évidence les liens étroits existant entre l’extrême droite en Europe et Vladimir Poutine. En terme d’indépendance nationale, on fait mieux.
En Italie, l’insupportable Matteo Salvini de la Ligue qui avait fait la pluie et le beau temps au sein du premier gouvernent Guiseppe Conte, a disparu. Il a cru, en provoquant une crise gouvernementale en plein été, qu’il pourrait devenir président du Conseil, fort d’une popularité très haute. Il n’en est rien, et au contraire il a été écarté du gouvernement. On n’avait jamais vu un tel ministre de l’intérieur depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale rappelant les heures sombres du régime fasciste avec ses propos xénophobes anti-migrants, une fermeture de tous les ports en violation de la convention de Genève sur les réfugiés et de la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et de libertés fondamentales.

Le réveil des mouvements pro-démocraties

En Pologne le gouvernement nationaliste est sous une procédure d’infraction de la part de la commission européenne et en Hongrie, le parti de Viktor Orban est soupçonné d’un gros scandale de détournement des fonds de l’Union européenne.

Aujourd’hui, les choses évoluent dans un sens favorable. En Italie, la torpeur provoquée par Salvini a pris fin. Une nouvelle coalition s’est mise en place et un mouvement populaire antifasciste vient de voir le jour, le mouvement « la Sardine » qui a réuni le dimanche 1er décembre 25 000 personnes sur la Piazza del Duomo à Milan. Les démocrates relèvent la tête. Les manifestations anti extrême droite se multiplient aussi en Allemagne en Pologne et en Hongrie.

La force des institutions européennes

Au Royaume-Uni, à quelques jours des élections législatives, le parti du Brexit avec tous ses mensonges et contre- vérités sur l’Europe n’était plus qu’à 3% des intentions de vote. Boris Johnson, qui s’est illustré comme l’un des dirigeants le plus à droite dans l’histoire du parti conservateur, n’a pu que développer sa mauvaise foi et c’est la Chambre des Communes ainsi que la Cour suprême britannique qui ont empêché toutes les dérives populistes du gouvernement conservateur.

Les institutions européennes elles aussi se sont renforcées dans un contexte politique délicat. La nouvelle présidente de la Commission européenne a fini par obtenir une large investiture le 27 novembre dernier : les défis sont immenses pour cette nouvelle Commission enfin constituée même si les débuts ont été laborieux. La tâche ne sera pas facile mais le souffle et l’ambition politique sont là.

Le Parlement européen lui-même a vu son rôle conforté. En refusant trois commissaires désignés, dont Sylvie Goulard proposée par la France, cette institution qui figure en premier dans l’ordre protocolaire des traités a su montrer qu’elle était incontournable et qu’elle devait être respectée. Le Parlement va aussi avoir un rôle essentiel dans l’agenda qui s’ouvre aujourd’hui, il est vrai, dans un contexte politique morcelé.

L’Europe a toujours su, au cours de son histoire, surmonter les écueils et autres épreuves. Elle est en voie de confirmer cette capacité, même s’il ne faut jamais occulter les risques et autres dangers qui la guettent encore.

Publié par Patrick Martin-Genier

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