9 juin : du vote inutile au vote efficace !

Patrick Salez
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Petit test évocateur : répondez sans honte, combien de noms d’eurodéputés français pouvez-vous citer parmi les 79 en poste ? Sachant que la France est la championne des intermittents : au cours de cette législature, 19 eurodéputés se sont présentés aux élections nationales, soit près d’un sur quatre et 8 ont quitté le Parlement. Des élus de poids (Jadot devenu sénateur et Séjourné devenu ministre) ont été remplacés par les suivants de leurs listes : des suivants de moindre envergure politique et de moindre surface médiatique.

Le 9 juin, nous élirons 81 députés français au Parlement européen. Les candidats, têtes de listes des grands partis mises à part, seront de parfaits inconnus. La France détient un autre record, celui-ci plus ridicule qu’attristant : le nombre de listes de candidats. Il y en avait 34 en 2019 et 37 ont été officialisées le 17 mai.
Les petites formations expriment un mécontentement, défendent une cause spécifique, saisissent une occasion de faire parler d’elles sur les marchés et quelques réseaux sociaux. Le tout sur une période infime, la durée de la campagne officielle étant réduite à une portion congrue de 11 jours (du 27 mai à minuit au 7 juin à minuit). 37 listes : heureusement que toutes les listes n’auront pas imprimé leurs bulletins, vous imaginez le temps nécessaire à chaque votant pour trouver la pile qui lui convient !

Électoralement parlant, les « petites » listes n’ont aucun intérêt puisqu’à moins de 5% des voix, elles n’ont droit à aucun eurodéputé.
Ainsi, seules 6 listes sur 34 ont envoyé des élus au Parlement en 2019 et les 28 autres listes ont totalisé 20% des suffrages : une voix perdue sur cinq.
Voter utile, c’est voter pour les listes susceptibles de dépasser 5%.
Parmi celles-ci, voter efficace, c’est voter pour l’un des partis en mesure de renforcer les groupes parlementaires qui feront progresser l’Europe.
Les « petites » listes auraient pu s’associer aux forces qui comptent en faveur de la démocratie, de la justice sociale et de l’écologie. Elles ont préféré se faire un plaisir mesquin, mettant en avant le détail qui différencie plutôt que le socle qui rassemble. Un splendide gaspillage !

Tout cela ajoute de la désaffection électorale et contribuera, si la météo est clémente, à la surpêche en rivière, le 9 juin. Au long des élections européennes — c’est la dixième fournée — la procédure reste désincarnée : on envoie des députés peu connus au sein d’une institution méconnue.
Allez tiens, deux idées pour 2029 : imposer un parrainage de 500 signatures d’élus comme pour les élections présidentielles et allonger la campagne officielle.

Publié par Patrick Salez

Agro-économiste et spécialiste de l'aménagement du territoire Ancien chercheur puis fonctionnaire de la Commission européenne puis enseignant-vacataire à la fac de Poitiers Élu municipal et intercommunal

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