Revenir à l’esprit des fondateurs de l’Europe

Bernard Bonno
Les derniers articles par Bernard Bonno (tout voir)

À l’heure où la France s’apprête à prendre la présidence de l’Union européenne, en janvier et pour six mois, on est en droit de s’interroger sur l’état de l’Union et sur ses rapports avec les États membres.

L’épisode du Brexit et la remise en cause, par certains pays membres, de la supériorité du Droit européen sur le Droit des États nous obligent à repréciser le statut de lUnion et à mesurer les dangers qui la menacent. 

L’Union est une organisation supranationale ; elle nest ni un État, à part entière, ni une fédération comme les États-Unis ou la République fédérale allemande. LUnion na pas de Constitution ; elle fonctionne sur la base de traités librement consentis par ses membres. Fondée en 1957 par le Traité de Rome, elle est aujourdhui régie par le Traité de Lisbonne.

Combien de citoyens européens savent que les seules compétences exclusives de lUnion, prévues par le Traité de Lisbonne, celles pour lesquelles les États membres ont délégué leur souveraineté, sont au nombre de cinq : lUnion douanière, le respect des règles de concurrence à l’intérieur de lUnion, la politique monétaire pour les dix-neuf États membres de lEuro, la conservation des ressources biologiques de la mer et la politique commerciale commune vis- à‑vis des pays tiers (Article 3 titre I du Traité) .

Il convient de rappeler que les traités, librement consentis, sont supérieurs à la loi, mais pas à la Constitution, norme administrative suprême. LUnion dispose donc dattributs de souveraineté, dans les limites prévues par le Traité de Lisbonne. Ce Traité a une autorité supérieure aux lois des États membres, mais dans les domaines de compétences déléguées. En tout état de cause, ce traité n’a pas d’autorité supérieure à notre Constitution qui dans son préambule dispose que « La Souveraineté appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ».

Il est urgent, néanmoins, de repréciser les compétences respectives de lUnion et des États membres, afin d’éviter les conflits entre lUnion et ses membres (comme les précédents Polonais et Hongrois). Il convient de revenir à l’esprit des fondateurs de lEurope et au principe de subsidiarité qui veut que chaque niveau (Union et États membres) intervienne au niveau où il s’avère le plus compétent.

Espérons que les conclusions de la conférence sur lavenir de lEurope, qui sest déroulée auprès des citoyens de lensemble des pays membres, aboutissent à redéfinir le rôle de chaque partie prenante.

Bernard Bonno, pour le CECI, avec l’aimable autorisation de Ouest-France dans lequel cet article a été publié.

1 commentaire

Bravo pour la clarté du propos … même si, côté compétences et leur délégation, ou primauté du droit européen, c’est un peu plus compliqué que ça, de quoi écrire plusieurs livres 🙂

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.