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Mesdames, messieurs, chers amis,
Tout d’abord permettez moi de vous remercier pour votre présence.
Merci à Pascal Verdeau qui anime cette table ronde. Il nous a donné hier soir une remarquable conférence sur l’élargissement d’un point de vue historique et actuel. À ce sujet, ce mercredi, la Commission (re)proposait l’idée d’une intégration progressive et réversible des nouveaux États.
Merci à Benjamin Kurc, responsable du Fonds citoyen franco-allemand sans lequel nos Journées européennes n’auraient pu avoir lieu. Il ne peut être présent physiquement, puisque retenu à Berlin mais son message vidéo est stimulant.
J’y associe le FDVA le Fonds de développement de la vie associative pour sa participation, la ville de Guipavas qui met à notre disposition ce bel auditorium Jean D’Ormesson de l’Amena. Et bien sûr les membres du CECI, chevilles ouvrières de la vie de notre laboratoire d’idée.
Merci à celles et ceux qui vont prendre la parole :
Ulrike Huet, Présidente de la fédération des Associations Franco-allemandes en Bretagne ;
Armelle Maltey, Présidente de la Maison de l’Allemagne et future console honoraire d’Allemagne en Finistère, également membre du CECI ;
Murielle Balaïan, Présidente du Comité de jumelage de Guipavas ;
Victor Warhem, Représentant du Centre de Politique Européenne, SciencePo. ;
Alfons Scholten, Expert Erasmus+, membre du CECI-Allemagne ;
Pierre Menguy, Mathématicien, Université du Havre, Président de la Maison de l’Europe de Seine-Maritime et conférencier Team Europe Direct et administrateur du CECI.
Le CECI, comme vous le savez, s’intéresse aux modalités de mise en œuvre de la citoyenneté européenne et des stratégies d’européanisation sur les différents territoires. Son axe central est de prendre en compte par une analyse les identités multiples qui caractérisent les personnes. Il cible la création du sentiment d’appartenance à l’Union européenne, ses évolutions et ses freins, ainsi que la mise en pratique concrète du principe de subsidiarité. Il s’inscrit dans une pensée philosophique personnaliste à l’instar de Robert Schuman, Giorgio La Pira, Emmanuel Mounier, Konrad Adenauer et d’autres. La volonté affirmée est de (re)penser l’Europe pour et par le citoyen.
Ensemble nous allons approfondir quelques sujets importants de la longue liste des enjeux des élections européennes.
Le prisme franco-allemand n’est pas anodin dans notre proposition car depuis quelques mois nous assistons parfois à des prises de position divergentes entre les deux pays moteurs de la construction européenne tant sur des choix intérieurs qu’en politique extérieure ; souvent économiques, spécifiques sur les questions de Défense. Le paradigme a‑t-il changé ? Vous nous donnerez votre avis. Il est important pour nos deux peuples d’échanger, de débattre et de chercher à avancer ensemble par des solutions concrètes. C’est aussi le rôle de la société civile et particulièrement des associations franco-allemandes ou de jumelage.
Les défis et enjeux sont nombreux pour ces élections, qui dans toutes les configurations vont changer le visage de l’Union européenne, son image et peut-être, pour reprendre un terme marin, son rivage. Elle auront lieu du 6 au 9 juin et en Allemagne comme en France le 9 juin.
Le questionnement d’aujourd’hui ne va pas être pour qui nous allons voter. Ce n’est pas l’affaire du CECI. Mais plutôt pourquoi nous allons voter en ce sens, l’avis de la société civile est important. Les problématiques sont nombreuses et nous touchent tous : l’élargissement à des pays candidats potentiels en est un. Pascal Verdeau en a brillamment et de manière exhaustive parlé hier soir.
Les valeurs de l’union européenne sont à protéger. Nous oublions souvent que nous vivons en paix depuis huit décennies, que la réconciliation entre Allemagne et France est un des préceptes fondamentaux de l’UE. Elle a permis la construction européenne. De ce point de vue le défi est de faire progresser le sentiment d’appartenance. Cela passe par la citoyenneté européenne qui, elle aussi, doit être approfondie.
La guerre que la Russie a décidé de mener en Ukraine a bouleversé le projet européen. Et pas seulement au niveau économique ou énergétique. Elle oblige a repenser les relations internationales. Notamment celles avec les États continents. De fait, elle rajoute aux complexités de notre monde des strates que le nouveau parlement européen devra gérer au nom des peuples.
Le Parlement Européen est un organe démocratique et décisionnel. Il est en charge de la codécision avec les États membres, représentés par les chefs d’État et de gouvernement, le conseil européen, mais aussi le Conseil de l’Union européenne, c’est-à-dire le conseil des ministres, qui est un organe, exécutif et législatif.
Les questions qui se posent aux citoyens et que nous allons tenter d’aborder aujourd’hui sont multiples et nombreuses. Nous ne pourrons en faire le tour en une matinée ni en épuiser le sujet.
La réflexion restera donc ouverte. Mais la question de la démocratie sur le continent est désormais incontournable tout comme celle de l’évolution du projet européen. On doit s’interroger sur l’Europe que nous souhaitons sera-t-elle un espace économique ou une puissance et quelle forme de gouvernance, devons-nous lui donner : intergouvernementale comme c’est le cas aujourd’hui ou aller vers plus d’Europe, vers un fédéralisme ?
C’est peut-être aussi une forme confédérale ou bien encore une Europe des nations comme semblent le souhaiter certains. Cette dernière forme aurait, à mon sens, des effets pervers au delà de discours édulcorés. Ne développerait-elle pas des égoïsmes et des compétitions ? La nature humaine est ainsi faite et l’histoire nous en laisse des exemples.
Le conflit en Ukraine, pose la question du financement de cette guerre. Nos deux pays sont-ils en accord ? La prise en compte de revenus issus du gel des avoirs russe en UE (potentiellement 210 Md€ ?) lors du Conseil européen hier semble, par la voix du chancelier démontrer l’unanimité des chefs d’État est de gouvernement. La question migratoire est aussi au centre des préoccupations des citoyens. Nous devons en parler, la vision est aussi différente. Elle amène l’inscription des droits de l’homme. Ici nous sommes en accord. L’environnement, le réchauffement climatique, la sauvegarde de la biodiversité, autres problématiques sont au cœur du débat. La réaction est une urgente nécessité, ce qui n’écarte pas les inquiétudes voire les impasses dans lesquelles se trouvent les agriculteurs européens. Développer cette agriculture dans le respect des territoires est une exigence des citoyens de l’Union. Voilà quelques thèmes que se partagerons avec passion, je n’en doute pas, nos intervenants. Sur des divergences ils proposeront leur analyse. Mais ne noircissons pas le tableau. On peut d’ores et déjà le dire, sur le fond, nos deux pays s’accordent. Notamment sur les choix politiques majeurs qui se présentent au Parlement européen, creuset de la démocratie européenne.
À ce sujet, pour faire un peu de science politique, sans aucun doute parlerez vous du terme spitzenkandidat, emprunté au système électoral allemand et devenu générique du langage européen. Ils font des partis politiques européens les principaux vecteurs de la campagne pour la présidence de la Commission. Voilà un enjeu qui n’est pas des moindres pour le futur parlement qui aura pour mission de valider les candidatures du président ou de la présidente de la commission ainsi que le collège des commissaires.
Voilà ce que je pouvais dire en introduction, sans dévoiler les contenus des propos de nos invités, que je remercie à nouveau pour leur présence. À nouveau merci à tous pour votre présence.