- L’avenir de l’Europe – 3 avril 2020
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt.
Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre.
Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu.
Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit :
« Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! »
Et le colibri lui répondit : « Je le sais, mais je fais ma part. »
Légende amérindienne, racontée par Pierre Rabhi
DECERE est une association née à l’initiative de l’Archevêque de Strasbourg et du Provincial des Dominicains de la Province de France, pour honorer le destin européen de Strasbourg.
DECERE : DE pour DÉmocratie – CE pour Construction Européenne – RE pour REligions
Alors, en quoi Decere fait-il sa modeste part aujourd’hui dans la construction d’une Europe démocratique ? L’Europe n’est certes plus le centre du monde mais elle continue de jouer son rôle de modèle et d’entraînement pour le reste de l’humanité. À l’initiative de la Province Dominicaine de France et de l’Archevêché de Strasbourg, l’association offre donc depuis 2005 un programme de conférences, de colloques et parfois de voyages d’étude. Ces activités sont le fruit d’un travail sur le terrain et d’une reconnaissance qui s’est construite au fil des années principalement en Alsace mais aussi maintenant au-delà et notamment à Paris. Quels sont nos centres d’intérêts ? Qu’en est-il de nos méthodes de travail ?
Les questions liées au fonctionnement démocratique et à l’état de droit, à la laïcité, au populisme, à l’écologie, à la construction de la paix, aux valeurs de l’Europe sont et vont être plus que jamais parmi nos chantiers privilégiés. Que dire d’une Europe démocratique qui sous-traite ses frontières à des pays moins démocratiques dont elle a besoin qu’ils demeurent non démocratiques ?
Nous sommes présents sur le terrain du dialogue interreligieux, des institutions locales et notamment régionales. Le directeur, le frère Jean-François Bour a travaillé au SNRM (Service National des évêques de France pour les Relations avec les Musulmans). Cela contribue à la vitalité de notre souci d’être à l’écoute des différentes traditions religieuses.
Nos conférences sont organisées dans des lieux différents de Strasbourg et d’Alsace : diocésains, universitaires et culturels. La Faculté de Théologie nous accueille régulièrement, l’ENA, Le CNRS, la Faculté de Sciences Economiques, Sciences Po Strasbourg mais aussi la librairie Kléber, la Cathédrale et sa salle paroissiale, le Foyer des Etudiants Catholiques (FEC). Cela permet de rejoindre des milieux et des approches différentes. Le souci de rejoindre les jeunes nous anime.
À travers l’aumônerie du Parlement européen, nous rencontrons des députés et des fonctionnaires. Des rencontres sont proposées au Parlement européen entre députés et à plusieurs reprises des élus ou fonctionnaires du Parlement ou du Conseil de l’Europe sont intervenus lors de nos manifestations. Nos approches sont pluridisciplinaires à la fois par le croisement des disciplines et par la diversité des personnalités. La dimension universitaire est honorée : juristes, économistes, philosophes, journalistes, politologues. L’art n’est pas non plus absent : concerts, théâtres font partie de nos propositions et nous voulons rejoindre les gens de la manière la plus large possible. Des religieux de différentes confessions sont aussi sollicités ainsi que des institutions comme les Fondations Jacques Delors et Robert Schuman.
Nous sommes également présents au Conseil de l’Europe au sein de la Conférence des Organisations Internationales Non-Gouvernementales (OING), un des cinq piliers de cette institution garante du respect des Droits de l’Homme. Le réseau informel des OING chrétiennes est un lieu important d’échange et régulièrement, nous contribuons à la réflexion. Je suis, pour ma part, depuis trois ans représentant de l’Office International de l’Enseignement Catholique (OIEC : http://oiecinternational.com/fr/ ) au Conseil de l’Europe. Le président de l’Association, François Brunagel, ancien chef du Protocole au Parlement européen est également ambassadeur de l’Ordre de Malte auprès du Conseil de l’Europe.
À travers le travail personnel de ses membres et leurs propres réseaux, Decere apporte sa pierre. Sans doute la saison 2020–2021 sera-t-elle marquée par la crise sanitaire que nous traversons. En tous les cas, l’Europe se trouve devant la question du lien que les citoyens européens entretiennent avec leurs institutions. Nous vivons ensemble, nous sommes responsables les uns des autres. Comment nous réapproprier nos institutions devant une crise sanitaire ou terroriste lorsqu’un gouvernement prend nécessairement ses responsabilités pour réagir efficacement et limite nos libertés ? Cette question pourrait bien marquer notre réflexion des prochains mois.