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À la fin du mois de mars, la situation économique des pays européens se manifeste par une baisse des perspectives de croissance qui se situe entre 2 et 8% selon les pays et selon les prévisions sur la durée de la crise. Il va donc falloir financer la crise et la reprise.
Un projet qui avait échoué en 2008 refait maintenant surface : celui d’eurobonds c’est-à‑dire de bons du trésor européens. Neuf gouvernements - Belgique, Espagne, France, Grèce, Irlande, Italie, Luxembourg, Portugal, Slovénie - ont relancé le projet, lequel s’est heurté au refus immédiat de « pays fourmis ». Un refus parfois hautain, comme celui du ministre néerlandais des Finances, Wopke Hoekstra, demandant à la Commission d’enquêter sur les raisons de l’absence de marge de manœuvre budgétaire de certains, proposition traitée de « répugnante » par le Premier ministre portugais Antonio Costa. Il n’y aura donc pas de bons du trésor européens en se fondant sur l’article 125 du TFUE qui exclut la solidarité financière. La présidente Ursula von der Leyen avait même laissé échapper le mot « slogan » pour ce projet, adoucissant ensuite son propos.
Certains ont alors soulevé l’idée d’avoir recours à une coopération renforcée pour laquelle il faut neuf membres (Titre III du TFUE). Cette idée n’a qu’une très très faible chance de se concrétiser car les conditions de mise en œuvre d’une coopération renforcée sont complexes et donc longues. On voit difficilement la BCE racheter des « coranabonds » sans provoquer une tension majeure dans la zone euro, on ne voit pas la France se joindre à une telle opération qui renchérirait considérablement le financement de ses besoins.
Sauf miracle, il n’y aura donc pas d’eurobonds ou de coranabonds ; il reste à évaluer l’impact de ces refus sur les opinions publiques européennes, certains échos laissent craindre le pire d’où la réaction très inhabituelle de Jacques Delors : « Pour que l’Union européenne fonctionne, il faut la compétition qui stimule, la solidarité qui unit et la coopération qui renforce ».